Jusqu’au 31 octobre 2008
Panthéon, Place du Panthéon 75005, 01 44 32 18 00, 7,5€
Pour célébrer le centenaire de la « panthéonisation » d’Emile Zola, le Panthéon accueille une exposition rendant honneur au chef de fil du naturalisme. Auteur de la réconciliation nationale, après une lutte sans merci entre pro-et-anti dreyfusards.
Sans l’affaire Dreyfus, Zola aurait-il été admis dans la crypte des Grands Hommes? Pas sûr…
L’exposition choisit donc de mettre en scène la polémique liée à la condamnation du capitaine Dreyfus qui a valu à Zola, auteur des Rougon-Macquart (1871-93), la lente reconnaissance de la France à celui qui a sauvé l’honneur patriotique.
L’AFFAIRE DREYFUS
En 1897, Zola entreprend son début de campagne en faveur de Dreyfus pour rallier les intellectuels de gauche. C’est chose faite avec son terrible « J’accuse », publié dans L’Aurore (1898). Ce qui lui vaut un procès! L’écrivain est condamné à un an de prison et s’exile en Angleterre.
La Cour de cassation casse le premier jugement à l’encontre de Dreyfus qui est rappatrié en France. Mais sous l’effort de l’armée, le Conseil de guerre de Rennes condamne une nouvelle fois Dreyfus à dix ans de travaux forcés (1899). Le président de la République, Emile Loubet, intervient et gracie un hommé épuisé. L’innocence de Dreyfus n’est toutefois officiellement reconnue qu’en 1908. Le capitaine réintègre l’armée et participe à la Première Guerre mondiale.
LA RECONNAISSANCE DE ZOLA
La proposition de loi pour transférer les cendres de Zola au Panthéon – initiée par le député socialiste de Bourges, Jules-Louis Breton – est approuvée grâce au soutien de Clémenceau, alors président du Conseil: « Zola aimait la vérité. Il en a fait la preuve aux dépens de sa chair et de son coeur ».
Nouvelles caricatures et illustration dans la presse, dont celle de Georges d’Ostoya qui anticipe l’événement dans le journal L’Assiette au Beurre. Il représente les personnalités officielles, parmi lesquelles le président Armand Fallières, et A. Dreyfus, à la fin du cortège, isolé, mamonnant: « J’ai bien le droit d’assister à la cérémonie, puisque j’ai donné 100 francs pour l’érection de son monument ». L’antisémitisme continue de battre son plein…
Début juin 1908, un cortège part du cimetière de Montmartre pour rejoindre le Panthéon. Mais, et c’est le dernier sursaut dans l’affaire Dreyfus, le journaliste du Gaulois, Louis Grégori, spécialiste des questions militaires, tire sur le capitaine qui est blessé au bras. Le coupable se défend à son procès en affirmant qu’il ne voulait pas tirer sur la personne de Dreyfus mais sur le « dreyfusisme ». Il est acquitté!
Le tout est bien mis en scène et ranime de manière efficace ce souvenir qui, sans la participation active d’Emile Zola, aurait pu coûter l’honneur de la France…