Peindre et transgresser
Jusqu’au 29 janvier 2023
Petit Palais, avenue Winston Churchill, Paris 8e
Le Petit Palais présente l’oeuvre de l’artiste anglais Walter Sickert (1860-1942), peu présent dans les collections françaises, et donc peu connu de ce côté-ci de la Manche. Il fut pourtant un grand ami de Degas et influença chez lui Lucian Freund ou Francis Bacon.
Walter Sickert naît à Munich d’un père artiste d’origine danoise et d’une mère anglo-irlandaise élevée à Dieppe. Il grandit en Angleterre. Il fait ses premiers pas en tant qu’acteur puis se tourne vers la peinture et la gravure. Il est également enseignant et critique d’art. Autant de métiers qu’il pratique en passant de l’un à l’autre aisément et dont la personnalité complexe, savamment mystérieuse, se retrouve dans son art.
Le parcours de l’exposition débute par ses portraits peu conventionnels au regard des dogmes enseignés dans les écoles d’art. Walter Sickert représente des music-halls – alors jugés non dignes d’être peints alors que ce sujet est déjà bien présent en France – puis des nus érotisés dans les chambres sombres des quartiers populaires – scènes guère plus acclamées ! Ses cadrages décalés perturbent, tout comme ses couleurs empreintes d’une atmosphère énigmatique par leur effet flouté.
À partir de 1890, le peintre visite souvent Paris, présente ses oeuvres au Salon d’Automne et à celui des indépendants. Ses marchands parisiens ne sont autres que les fameux Durand-Ruel et Bernheim-Jeune.
Sickert visite souvent Dieppe, où il s’installe entre 1898 et 1905. Il y fréquente Edgar Degas, Jacques-Émile Blanche, Camille Pissarro, Pierre Bonnard, Claude Monet.
Rentré à Londres en 1905, il tombe dans l’oubli du public français mais il gagne en renommée chez ses compatriotes. L’artiste diffuse ce qu’il appris sur la peinture française dans ses écrits critiques et dans ses cours académiques.
Provocateur, Sickert défraie encore la chronique avec sa série des modern conversation pieces, qui détournent des scènes de genre typiques de la peinture anglaise du 18e siècle, en tableaux étranges et dérangeants, comme Le meurtre de Camden Town (vers 1908-1909) où l’on voit un homme tête baissé, assis sur un lit, une masse étrange rouge entre les jambes, et derrière lui un corps féminin nu, la tête tournée vers le mur.
Dans l’entre-deux-guerre, toujours à la recherche de nouveaux procédés picturaux, l’artiste innove en détournant des images tirées de la presse. Processus qui se développera largement à partir des années 1950 et sera popularisé par Andy Warhol et Gerhard Richter.
Une oeuvre caméléon, aux compositions sophistiquées, ambigües qui reflètent la complexité de l’existence et des relations humaines. Surprenant !