Visages de l’effroi

Léon Cogniet (1794-1880), Tête de femme et d’enfant, Esquisse pour la Scène du Massacre des Innocents, vers 1824, huile sur toile, Orléans, Musée des Beaux-Arts © Musée des Beaux-Arts cliché François LauginieViolence et fantastique de David à Delacroix

Jusqu’au 28 février 2016

Catalogue de l’exposition : 

Musée de la Vie Romantique, 15 rue Chaptal, Paris 9e

Le musée de la Vie Romantique présente les formes françaises du romantisme fantastique. Autrement dit, la force obscure de l’âme humaine !

Dès la fin du XVIIIe siècle, les grands maîtres néoclassiques mettent en scène la mort des héros et représentent la violence des drames de l’Histoire antique. Avec la Terreur et les guerres napoléoniennes, l’horreur devient manifeste et n’est plus réservée au seul genre de la peinture d’histoire. Sous la Restauration, le développement de la presse diffuse les faits-divers sanglants qui deviennent des sujets d’actualité pour les artistes.

Lenepveu, Jules-Eugène (1819-1898), La Mort de Vitellius, 1847, huile sur toile, Paris, Ecole nationale supérieure des Beaux-arts © Beaux- arts de Paris. Dist. RMN Grand-Palais / image Beaux-arts de Paris

Le romantisme exprime le désenchantement d’une génération d’artistes dont l’enfance s’est construite sur les ruines de l’Ancien Régime et la tourmente révolutionnaire. Ils trouvent dans les débordements des passions, les sujets d’une nouvelle esthétique.

Émile Mascré (actif à Paris vers les années 1830-1840), "Capet, Lève-toi !," 1833-1834, huile sur toile. Musée de la Révolution française / Domaine de Vizille© Coll. Musée de la Révolution française / Domaine de Vizille

Si la mort, qui honore et sublime, délivre le corps des enchaînements terrestres, la violence est représentée de manière crue, sans fard. Les têtes coupées deviennent un motif récurrent (Louis-Jules-Frédérique Villeneuve, Matière à réflexion pour les têtes couronnées, sans date). La guillotine a marqué les esprits. Géricault fragmente l’humain pour son Radeau de la Méduse (1819).

Les drames littéraires inspirent autant Emile Signol (La Folie de la fiancée de Lammermoor, 1850, en hommage à Walter Scott) qu’Eugène Delacroix (Roméo et Juliette devant le tombeau des Capulets, 1855 ?; de 1835 à 1859, Delacroix compose 20 tableaux de sujets shakespieriens).

Ou encore Jean Louis Auguste Dominique Ingres qui réalise Le Songe d’Ossian (1866). Les poèmes d’Ossian, vieux barde aveugle, chantent les exploits de Fingal, héros gaélique, et de ses compagnons. Cette épopée est en réalité la création d’un maître d’école écossais, James Macpherson, qui a réuni, arrangé et complété des fragments de légendes primitives de l’archipel britannique.

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867), Le Songe d’Ossian, 1866, graphite, lavis d’encre de Chine et rehauts de blanc sur deux calques, Montauban, musée Ingres (déposé par le département des arts graphiques du musée du Louvre) © Montauban, musée Ingres /cliché Guy Roumagnac

Enfin,  les tourments des damnés de Dante constituent une autre source majeure d’inspiration, alors que le temps des Lumières avait rejeté cette oeuvre dans les confins d’un Moyen-Age obscur. Le destin de Paolo et Francesca, condamnés pour s’être aimés, ou le crime infanticide d’Ugolin incarnent ainsi de manière ambivalente cet effroi romantique.

Vous l’aurez compris, il s’agit ici d’une exposition pour les amateurs de visions sombres ! Ce qui m’a incité à tarder pour en écrire l’article, mon humeur du mois de novembre (date à laquelle l’exposition s’est ouverte) ne souhaitant pas assombrir encore plus les tragiques événements parisiens. Mais il aurait été dommage de complètement occulter cette exposition, dans ce petit musée intimiste, qui réserve souvent de jolies découvertes.

 

 

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