Jusqu’au 8 juillet 2007
Musée du quai Branly, Galerie Jardin, entrée par les 27,37,51 quai Branly ou 206,218 rue de l’Université 75007, 01 56 61 70 00, 8,50€
Le musée du quai Branly met à l’honneur l’art océanien, en particulier les majestueuses sculptures malagan. Dans l’intention de dévoiler quelques mystères des multiples traditions artistiques qui régissent l’île de la Nouvelle-Irlande.
Mais tous – il s’agit par là-même d’une caractéristique de l’art mélanésien – sont fabriqués à partir d’éléments naturels: plumes, feuilles, coquillages, fougères, lichens, fourrures, algues, élitres de coléoptères. D’où la multiplicité des effets visuels, offrant une gamme du lisse au rude, du brillant au terne, du sable au mouvant.
« Objets efficaces, les sculptures sont des présences qui permettent de capter les forces de vie d’un défunt avant que celles-ci ne se dissolvent, ne disparaissent », commente l’un des commissaires de l’exposition, Philippe Peltier.
Premier jour
Danse et nettoyage du lieu de la cérémonie.
De nombreux porcs, spécialement engraissés, sont sacrifiés.
La cérémonie en elle-même peut alors commencer.
Un ancêtre donne une sculpture à un jeune enfant, qui ne la verra qu’une seule fois dans sa vie. A son tour, lorsqu’il sera adulte, il donnera son droit à un plus jeune. Quand il mourra, sa sculpture sera brûlée.
Deuxième jour
Il s’agit de concrétiser les échanges de la veille, avec comme monnaie, les porcs sacrifiés. Les Malagans se transforment en commerçants. Les uns paient leurs dettes contre un morceau de chair de cochons, les autres en contractent de nouvelles.
Nouvelles danses (singsing), créées pour l’occasion, et anciennes danses se mêlent.
Le droit sur les sculptures et les terres est réactivé. Le cycle de la vie peut se poursuivre au royaume malagan.
L’intérêt de l’exposition réside dans cette approche contextuelle qui permet de comprendre les conditions locales de la production d’un art virtuose et doté d’un pouvoir social. En effet, dans la période précoloniale, les Néo-Irlandais ne pouvaient s’élever dans la société que par la production et l’usage d’oeuvres au cours de rites – au nord, pour honorer les défunts; au sud, pour exercer un contrôle et une autorité sociales. La colonisation accompagnée de l’importation de marchandises occidentales, de la conversion au christianisme, et du recrutement de la main d’oeuvre locale envoyée travailler au Queensland (pour, le plus souvent, ne jamais en revenir), bouleversa les codes culturels existants.