Dix ans d’acquisitions: accrochage des collections du musée
Jusqu’au 26 août 2007
Maison de Victor Hugo, 6 place des Vosges 75004, 01 42 72 10 16, Entrée libre
La Maison de Victor Hugo prolonge son exposition estivale sur les quelque 200 oeuvres et documents acquis depuis une décennie et venus enrichir le fonds du musée. On découvre un poète dessinateur mais aussi photographe et éditeur/diffuseur avant l’heure. Eclairage.
La première salle s’ouvre sur des dessins de Victor Hugo, fortement influencés par l’intérêt du courant romantique sur la figuration née d’une tâche d’encre. Des études étayées par les oeuvres de l’Anglais Alexander Cozens – Nouvelle méthode pour faciliter l’invention du dessin de paysage (1785) – et de l’Allemand Justinus Kerner (Kleoksographies). La toute première oeuvre de l’exposition représente ainsi une tache d’encre brune – accidentelle? – sur un panneau de bois, exploitée par V. Hugo pour la muer en paysage.
Le maître aime aussi illustrer son nom au-dessus d’un paysage esquissé, ses initiales jouant à la fois le rôle d’autoportrait écrit et dessiné.
Enfin, Hugo a recours à la caricature, portraiturant avec un menton proéminent et une face gourmande l’amateur d’art ou de charmantes demoiselles dotées de « nez-aux-empires » et revêtues de « modes néo-empire », l’écrivain ne résistant pas à la tentation de jouer avec les mots autant qu’avec les motifs graphiques!
Alors que le coup d’Etat du 2 décembre 1851 par Louis-Napoléon Bonaparte force Victor Hugo et sa famille – prorépublicains – à un exil outre-Manche, l’artiste profite de l’espace que lui offre sa Hauteville House (Jersey) pour installer un atelier (Marine Terrace) dès 1852. Photographies anciennes – de Victor Hugo et d’Edmont Bacot – et modernes – réalisées par Olivier Mériel et Joël Laitier – se cotoient pour rendre l’âme d’une maison aux étranges beautés, qu’affectionne particulièrement Hugo. En dehors du plaisir d’expérimenter un nouveau medium, la photographie représente un moyen efficace pour lutter contre l’absence et l’oubli du proscrit.
Non loin figurent des planches hors texte des extraits des volumes « Théâtre » de l’Edition Nationale (1885/95). Car l’homme a été l’un des premiers à porter de l’attention à l’édition et la diffusion de ses manuscrits. Hugo s’occupe lui-même de la gestion de ses contrats, de la fabrication de ses ouvrages et du choix de ses représentations théâtrales.
Au 2e étage est exposée la correspondance abondante entre le père et ses fils, leur compte-rendu de l’exil au médecin de famille, Emilie Allix, et leurs commentaires sur le contexte politique de l’époque. Enfin, une série de photos d’Alfred Normand évoque les funérailles de Victor Hugo, qui s’est éteint avenue d’Eylau à Paris (16e arrondissement).
De magnifiques estampes, dessins et photographies qui retracent la vie du célèbre romancier français. « De l’intimité familiale aux prises de positions politiques, des foudroyantes visions graphiques aux minutieuses corrections typographiques, des correspondances littéraires aux secrets de l’écriture romanesque, des portraits photographiques aux dédicaces amicales, les oeuvres acquisent au cours des dix dernières années éclairent, chacune à sa manière, les innombrables visages du génie protéiforme », résume poétiquement Danielle Molinara, conservateur général.