Du design dans l’énergie
Jusqu’au 09 Septembre 2007
Espace EDF Electra, 6 rue Récamier 75007, 01 53 63 23 45, entrée libre
Economie d’énergie ne rime pas avec austérité et retour aux temps ancestraux. Bien au contraire. C’est ce qu’entend prouver la nouvelle exposition de l’Espace EDF Electra qui présente les applications et nouveaux projets du design prospectif.
Stéphane Villard, commissaire de l’exposition et designer à la Direction Recherche & Développement d’EDF, illustre ces propos en commençant par un rappel historique de ce qui symbolise l’énergie. Car si elle est utilisée quotidiennement, l’électricité n’en reste pas moins invisible, non palpable aux yeux du consommateur. Pour la matérialiser, les années 1880 ont eu recours à la métaphore de la « fée électricité » – représentation de statues féminines tenant à la main une ampoule qui éclaire le monde comme par magie. Après la guerre, les femmes adoptent les « esclaves domestiques » – fer à repasser, radio, réfrigérateur, aspirateur, cuisinière, etc., tous symboles de confort. L’électroménager s’impose et nécessite bientôt des multiprises qui incarnent l’abondance de la production énergétique via le nucléaire. Mais réchauffement climatique oblige, les comportements doivent changer.
L’esthétique attrayante des nouveaux objets électriques aide à susciter une attitude raisonnée du consommateur. Comme la multiprise « containership » de Giffin Termeer (2005, Etats-Unis) qui adopte la forme d’un containeur pour rappeler que la plupart des appareils électriques proviennent de Chine et retournent souvent à vide dans leur port d’embarcation. Voilà de quoi faire réfléchir – d’où le titre de l’exposition qui joue astucieusement avec l’homonyme de l’expression anglaise So What? -, et surtout d’agir.
Petit panorama du best-of des inventions:
FRANCE
* Gilles Belley a imaginé une multiprise qui matérialise la fuite d’énergie liée aux appareils électrique laissés en veille.
* Vincent Vandenbrouck conçoit les lampadaires éoliens. L’idée: profiter du vent du large pour éclairer les plages lors d’événements festifs.
* Un projet de O2 (2004) compte transformer l’énergie dépensée sur les machines des clubs de sport Human Powered en énergie électrique.
* Dans un monde de plus en plus interdépendant, des effets positfs peuvent se dégager comme le prouve le scénario « Energénie Futur » proposé par O2 (2003). Une nouvelle génération de câbles optiques posés au fond des océans permettra d’illuminer des villes situées sur des fuseaux horaires différents. Par exemple, la lumière de Sydney éclairera les Champs-Elysées!
* Les radios FR250, créées par Eton (2007) produisent leur propre énergie grâce à une manivelle.
* Le sac à main Power Purse imaginé par Solarjo (2005) intègre des cellules photovoltaïques pour recharger des petits appareils (téléphone portable, lecteur MP3).
GRANDE-BRETAGNE
* A Londres, la Tamise représente une bonne opportunité pour un transport maritime propre grâce aux navettes inventées par Solarlab (2006) qui véhiculeront jusqu’à 250 personnes. Tout en réduisant la production de CO2 de 8 tonnes par an par rapport à une navette classique de taille équivalente. Ce projet existe déjà pour des navettes de plus petit envergure.
ALLEMAGNE
* Skysails propose un système de traction éolienne pour réduire les coûts du transport maritime et les émissions de gaz à effet de serre.
* La voiture miniature H-racer, pensée par Horizon Fuel Cell, utilise la pile à combustion. La conversion d’hydrogène en électricité permet d’alimenter son moteur sans combustion et ne rejettant que de l’eau pure.
* Le village de Viganella, dans la vallée Antrona (Piémont) a eu recours à un miroir géant – 8m de large, 5m de haut, et pesant plus d’une tonne – placé sur la montagne qui domine cette vallée profonde et étroite. Afin de refléter les rayons du soleil six heures par jour pendant la période hivernale qui coupait les habitants de la lumière solaire durant 83 jours d’affilée (du 11 novembre au 2 février)!
* Plus utopiste, un projet de Positive Flow (2003) espère installer une éolienne géante (34m de diamètre) sur la Statue de la Liberté.
Enfin, le sous-sol présente des installations vidéo. « Watt’time » de François Brument (2007, France) traduit la variation de la consommation quotidienne française d’électricité, passée, présente et future. Afin de prévoir des solutions en cas de nouvel effet Coupe du Monde, lorsqu’en 1998, pendant la mi-temps, des millions d’appareils électriques (micro-ondes, lampes, etc.) se sont allumés en même temps!