Le musée du Montparnasse organise une exposition phare – Les Heures Chaudes du Montparnasse – autour de l’oeuvre filmée du réalisateur de télévision Jean-Marie Drot, compagnon de route des grands artistes avant-gardistes du XXe siècle: Picasso, Cocteau, Modigliani, Kiki, Man Ray, Apollinaire, etc..
Se tisse un jeu de dialogue entre les témoignages audiovisuels et les tableaux réunis par Oscar Ghez et prêtés par le musée du Petit-Palais de Genève, le musée d’Art Moderne de la Ville de Paris et des collections privées.
Des oeuvres exceptionnelles que l’on s’étonne de voir réunies en si grand nombre dans ce petit repère artistique.
Sylvie Buisson, conservateur délégué et spécialiste de l’oeuvre de Tsuguharu Foujita, explique: « Nous voulions créer une exposition qui soit digne de la qualité des interviews de Jean-Marie Drot ».
Les Heures Chaudes du Montparnasse s’inscrit dans la veine de l’exposition-événement de 2003 sur la cité des artistes « la Ruche », qui recréait l’atmosphère du « Mont Parnasse » – en référence au mont sur lequel Apollon chantait et dansait avec ses muses – du début du XXe siècle. Un lieu mythologique et mythique donc, « une sorte de salon ouvert sous les étoiles où se sont rencontrés les artistes de toute l’Europe et même du monde entier » (André Masson). Ils se retrouvaient dans les cafés (le Dôme, la Coupole, la Rotonde, la Closerie des Lilas, etc.), fiers d’arborer aujourd’hui les signatures de leurs hôtes de marque sur les murs. Mais, « à côté de ce Montparnasse de terrasses, de tangos, de cacahuètes et de boissons originales, existe dans l’air, comme une mélodie, le vrai Montparnasse, celui qui n’a ni murs, ni portes et qui, plus que tout autre sanctuaire, pourrait revendiquer le célèbre mot de passe un peu retouché:’Nul n’entre ici s’il n’est artiste' » (Léon-Paul Fargue in Le Piéton de Paris).
« Autant vous l’avouer », concède J.-M. Drot, « l’histoire du Montparnasse, je ne l’ai pas vécue. Ces ‘heures chaudes’ ne sont pas les miennes. J’ai seulement eu le désir – et la chance – de recueillir, caméra à la main, les confidences des derniers témoins. De Jean Cocteau à Francis Poulenc, d’Elsa Triolet à Alberto Giacometti, de Man Ray à Brassaï, de Damia à Marianne Oswald, ils furent plus de cent à m’ouvrir leur porte ». Et d’ajouter, en reprenant Malraux: « Symboliquement à la mort de Picasso, l’Ecole de Paris finit, l’audiovisuel commence… Le nouveau Louvre, c’est lui. »
Pourtant, ce musée donnerait presque tort au célèbre ministre de la Culture! Certes, les films audiovisuels permettent de rendre la voix aux grands êtres disparus.
Mais les toiles – et les sculptures – présentées dans cette exposition ne sont ni silencieuses, ni « mortes ». Leurs couleurs chatoyantes, leurs tracés précis, leurs compositions rigoureuses donnent tant à dire à celui qui prend le temps de les regarder et de les écouter. Une exposition riche en enseignement artistique et historique qu’il serait impardonnable de rater!