137 rue de Sèvres 75006, 01 47 34 12 63
Portail vert à l’extrémité Est de la rue de Sèvres. Seule une plaque dorée indique l’existence de la Fondation Dubuffet à Paris.
Après avoir sonné à l’interphone et montré patte blanche, je longe le jardin de la copropriété, lugubrement dégarni par ce temps rigoureux. Au fond, une porte s’ouvre et une charmante secrétaire m’accueille dans un hôtel particulier, à l’abri des regards de la voie publique.
Sur trois étages sont exposées en rotation des oeuvres du peintre-sculpteur français Jean Dubuffet (1905-1985). La secrétaire masque mal son étonnement face à ma volonté – têtue! – d’écrire un article sur ce lieu. Il est vrai que l’essentiel de l’oeuvre de l’artiste est présenté à Périgny-sur-Yerres (Val-de-Marne). L’espace manque ici pour exposer les
L’Hourloupe, donc, se caractérise par un chromatisme restreint – bleu, rouge, blanc – et une absence de personnages identifiables. Le sujet serait – car il est difficile de mettre un nom sur cet imbriglio de graffiti – plutôt des paysages hallucinés et visionnaires, sans aucune perspective.
Mondanités (mars-avril 1975) apportent un certain apaisement. Les tourbillons d’écriture cèdent la place à une sorte de conciliabule de personnages. Une trêve de courte durée car la série suivante, Lieux abrégés (juin-octobre 1975), disperse les personnages, et les lieux semblent éclatés.
En 1983, Jean Dubuffet travaille sur Mires qu’il décrit lui-même comme une série sans personnages ni objets identifiables. Il s’agit « seulement de lieux généraux sans identité propre. Leur existence est incertaine. A mi-chemin d’exister ou non. Prenant leur naissance à des taches et tracés de nature purement mentale. Ces lieux donnent à ressentir (au moins pour moi) le caractère pareillement purement mental et illusoire de tous lieux qui soient. A ce tire on peut taxer ces peintures de nihilisme. Elles récusent le Verbe en entier. Elles récusent la notion de réalité et l’existence objective de quoi que ce soit […] » (Jean Dubuffet à Gaiano, 2 novembre 1983).
Voici un aperçu du monde imaginaire et des écrits de l’inventeur de l’art brut – cet art généré par des enfants ou des personnes enfermées dans des hôpitaux psychiatriques, non « déformés » par une éducation artistique classique.
Pour en savoir plus sur la biographie de l’auteur, je vous recommande le site attrayant et détaillé de la fondation. Je ne pourrais pas mieux faire!
Et bien sûr, pour ceux qui ont la chance de disposer de temps libre en semaine (la Fondation de Paris est fermée le week-end pour ne pas gêner les copropriétaires, hostiles au public marchant sur ses plates-bandes), ne manquez pas de visiter ce lieu regénérant.