Des origines à Viollet-Le-Duc
Jusqu’au 29 janvier 2024
Musée du Louvre, Galerie Richelieu, Paris 1er
À l’approche de la réouverture de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris, prévue pour 2024, le musée du Louvre expose son « trésor ». Objets liturgiques, livres anciens, habits, sculptures ont été restaurés pour l’occasion.
Plus de 120 oeuvres offrent un aperçu de l’histoire de ce trésor, de ses origines médiévales à la Révolution française qui fait fondre l’ensemble des reliquaires et l’orfèvrerie (1792). Avant de renaître sous l’impulsion de Napoléon à l’occasion de son sacre (1804) et d’atteindre son apogée sous le Second Empire. Le trésor retournera dans la sacristie néogothique, construite par Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-Le-Duc (1845-1850), à la réouverture de la cathédrale (2024).
L’exposition dévoile l’un des premiers évêques de Paris, méconnu, saint Marcel (IVe siècle), chassant la dragon d’un cimetière parisien où il se rassasiait des morts. Ses reliques sont transférées à Notre-Dame-de-Paris pour échapper aux invasions normandes et confère à la cathédrale une renommée croissante, alors qu’elle doit rivaliser avec les prestigieuses abbayes de Saint-Denis, Saint-Germain-des-Prés et Sainte-Geneviève.
En 1100, elle reçoit un fragment de la Vraie Croix – relique de la Passion du Christ, envoyée depuis Jérusalem par le chanoine Anseau. Cette première partie expose également de magnifiques manuscrits sur parchemin enluminés tel le Missel à l’usage de Paris (entre 1427 et 1447).
Les rois contribuent à enrichir le trésor, comme Saint Louis qui fait venir à Paris la Couronne d’épines portée par Jésus sur la croix. François Ier invite Rosso Fiorentino – premier des artistes italiens qu’il emploie – pour concevoir un bâton cantonral, exécuté par l’orfèvre Macé Bégault en argent doré (1538).
Les guerres de religion commencent à portée atteinte au trésor. Les oeuvres sont fondues pour remplir les caisses. Le gouverneur de Paris fait démonter la grande croix offerte par Philippe Auguste au moment du siège de la ville organisé par Henri IV pour la conquérir.
Petit répit au XVIIIe siècle : le trésor s’enrichit d’un grand ostensoir en argent doré, attesté par une peinture de Jean Jouvenet, qui illustre La Messe du chanoine de La Porte, officiant face au Grand Soleil, dont il avait financé l’acquisition (vers 1710).
Mais le 2 novembe 1789, les biens du clergé sont nationalisés. Dans la nuit du 2 août 1792 l’ensemble des objets de culte du trésor de Notre-Dame disparaît.
En 1802, la signature du Concordat autorise le retour du culte catholique à Notre-Dame, qui doit s’équiper de nouveaux instruments de culte.
Lorsque Napoléon décide de se faire sacrer à Notre-Dame-de-Paris en 1804, il passe commande d’une couronne qui s’inspire du Moyen-Âge, que l’on nommera Couronne de Charlemagne, en référence à l’Empereur qui se fit sacrer en 800. « On s’est également rendu compte que les biens de guerre rapportés par Napoléon, dont des objets liturgiques confisqués en Allemagne et en Espagne, intègrent Notre-Dame », commente Anne Dion-Tenenbaum, une des commissaires de l’exposition.
Louis XVIII renoue avec l’idée d’une procession de la Vierge Marie. Son successeur Charles X commande à cet effet une immense sculpture de la Vierge à l’Enfant, en argent repoussé (creuse à l’intérieur, recouverte de feuille d’argent), pour qu’elle puisse être suffisamment légère à porter lors d’une procession. Bien que sacré à Reims – pour se démarquer du « traître » Napoléon – Charles X obtient un crédit pour Notre-Dame. Il commande un important ensemble liturgique dont une chape en soie dorée fabriquée à Lyon.
Eugène Viollet-Le-Duc, à qui l’on confie la restauration de Notre-Dame, fait réaliser un mobilier dans le style originel médiéval de la cathédrale, comme une colombe pour les Saintes Huiles ou un Reliquaire de la Sainte Couronne d’Épines (1862).
Une exposition particulièrement intéressante car elle permet de découvrir le trésor de Notre-Dame, replacé dans son contexte historique. Un plus en attendant de le voir dans son cadre d’origine.