L’écart absolu
Jusqu’au 24 juillet 2022
#ExpoToyen
@MAM
Musée d’Art Moderne de Paris, 11 avenue du Président Wilson, Paris 16e
Le musée d’art moderne de Paris dévoile l’oeuvre de l’avant-gardiste tchèque Toyen (1902-1980) qui a participé à la fondation du mouvement surréaliste à Prague et travaillé de nombreuses années à Paris avec son compagnon le poète Jindřich Štyrský (1899-1942). Ensemble, ils ont composé une oeuvre d’art « d’écart absolu », singulière, autour de la représentation du désir.
Cent cinquante oeuvres permettent de découvrir cette artiste très connue outre-Danube, mais tombée dans l’oubli de la mémoire parisienne, parallèlement à l’évanescence du mouvement surréaliste français. Elle est enterrée au cimetière des Batignolles.
À tout juste 17 ans, Toyen quitte sa famille pour rejoindre les milieux anarchistes et communistes. Elle fréquente quelque temps l’École des Beaux-Arts de Prague, connaît le succès très tôt dans la « capitale magique » qu’était la ville avant la guerre, tournée vers les nouvelles recherches en architecture, littérature, psychanalyse, théâtre, linguistique.
Refusant de se définir comme « peintre » et surtout pas comme « femme peintre », elle adhère à la symbiose entre peinture et poésie. Avec Štyrský qu’elle rencontre en 1922, elle voyage en Europe, notamment à Paris, où ils exposent. Elle réalise des peintures à l’accent primitiviste avec déjà une sensibilité pour les connotations érotiques (Les Danseuses, 1925).
De retour à Prague, ils créent l’artificialisme visant à « provoquer des émotions poétiques qui ne sont pas seulement optiques ». Puis ils publient dans la revue Erotika, en dépit de la censure, et participent à la naissance du groupe surréaliste de Tchécoslovaquie.
Avec l’arrivée de la guerre, Toyen substitue ses huiles harmonieusement colorées pour des dessins à l’encre de Chine qui saisissent l’atrocité de l’époque (Tir, 1939/40 ; Cache-toi guerre !, 1940/44). À partir de 1941, elle cache chez elle un autre poète Jindřich Heisler, traqué pour être juif. Un an plus tard, Štyrský meurt. Toyen reprend la peinture.
André Breton lui organise une exposition en 1947 à Paris (Galerie Denise René). Toyen décide d’y rester avec Heisler pour échapper au totalitarisme stalinien qui succède au nazisme en Europe centrale. Elle poursuit son oeuvre toujours orientée vers le désir amoureux, qui se transcrit dans les règnes animaliers, végétaux et minéraux.
À la fin du parcours, les textes des cartels (comme le catalogue de l’exposition) deviennent de plus en plus abscons. « Voilà qu’au moment où la société de consommation travaille à nous tromper sur les forces dangereuses qui nous habitent, Toyen se fait particulièrement attentive à l’irréductible nuit paradoxalement indissociable de l’émerveillement passionnel. […] Quoi qu’elle ait regardé, Toyen nous aura fait voir l’autre monde qui est dans celui-ci. Au moment où nous voici de plus en plus prisonniers d’un univers d’images interchangeables, elle nous offre une chance d’en prendre conscience, sinon d’y échapper. »
Je vous avouerai que ce genre de phrases pompeuses et nébuleuses m’a gâché la fin de l’exposition mais le début est très bien !