Femmes céramistes au Japon
Jusqu’au 3 octobre 2022
#ExpoToucherLeFeu
@museeguimet
Musée Guimet, 6 place d’Iéna, Paris 16e
Pour célébrer la saison japonaise et l’art de la céramique, le MNNA-Guimet expose douze pièces récemment acquises, aux côtés d’oeuvres japonaises issues des collections du musée. Un hommage à la création féminine et au lien vital entre nature et culture.
Le musée Guimet a inauguré sa politique d’acquisition axée sur la création féminine en 2016, avec le vase Zenmai [Fougères] d’Hosono Hitomi. « L’artiste reproduit patiemment chacune des feuilles ou rameaux des végétaux. Ici, le blanc et l’or évoquent les idées de pureté et de vie », commente Claire Bettinelli, commissaire de l’exposition.
Au Japon, la pratique de la céramique a longtemps été réservée aux hommes. L’université des arts de Kyoto s’ouvre aux femmes en 1946, celle de Tokyo en 1952. Les voilà autorisées à « toucher le feu ». Depuis, elles se sont bien rattrapées – le domaine de la céramique contemporaine est une des plus créatives au monde !
Les premières femmes céramistes ont suivi un enseignement artistique académique à l’université avant de recevoir un apprentissage traditionnel auprès d’un maître. Ono Hakuko (1915-1996) incarne cette première génération dans les collections du MNAAG.
La vague suivante délaisse le rendu lisse au profit de matières texturées, organiques. Telle Ogawa Machiko (née en 1946, prix de la Ceramic Society of Japan) qui propose une réflexion sur le temps qui passe. Ce qui ressemble à un coquillage éventré (Cristaux et souvenirs, 2017) semble provenir de fouilles archéologiques.
Kitamura Junko (née en 1956) crée des récipients inspirés des céladons coréens, avec des pièces aux motifs concentriques dont la trame évoque l’art des textiles.
Futamura Yoshimi (née en 1959, vit en France depuis 1986) s’inspire des arbres pour créer des rhizomes partiellement recouverts de matière, comme un tronc sous la neige (Rebirth, 2017).
Tokumaru Kyoto (née en 1963) crée des formes sculpturales foisonnantes, à partir de pièces modelées séparément (L’île de de Cythère, 2017). Ses vases-offrandes reflètent sa réflexion sur le pouvoir de la germination.
Les oeuvres en grès et porcelaine d’Hattori Makiko (née en 1984) mettent six mois à sécher ! Elles restent délibérément non émaillées pour mettre en valeur cette complexité technique et esthétique. L’artiste s’inspire des problèmes de la société et de sa vie personnelle pour imaginer des formes qui n’existent pas dans la nature. Ce lent processus créatif s’apparente à une catharsis.
Un magnifique paravent à deux volets recouverts de feuilles d’or et de calligraphies extraites du Dit du Genji (écrit par Murasaki Shikibu vers 1000) complète cette petite exposition située dans l’antichambre de la Rotonde du musée.
Des pièces iconiques à découvrir lors d’une visite plus complète des merveilles du MNAG !