Family Ties
Jusqu’au 19 janvier 2025
#ExpoTinaBarney
Jeu de Paume, Jardin des Tuileries, Paris 1er
Pour la célébration de ses 20 ans et après avoir fait peau neuve, le Jeu de Paume présente une exposition d’envergure consacrée à l’artiste américaine Tina Barney (née en 1945 à New York).
Family Ties repose essentiellement sur des portraits de famille, capturés dans de luxueuses demeures américaines et européennes. Un style original, qui se situe à mi-chemin entre des instantanés Polaroïd format géant et des portraits picturaux.
La famille est au coeur de l’oeuvre de l’artiste, qui a été initiée à la photographie par son grand-père maternel. Ses premières photos sont celles de sa propre famille, qu’elle capture pendant quelques années à New York et en Nouvelle-Angleterre. Dernièrement, elle a recommencé à photographier les membres de sa tribu, en s’attardant sur les petits-enfants.
Le grand format (120 x 150 cm) permet d’observer les couleurs, textures des tissus et détails de la mise en scène (mobilier, décor, architecture). Le spectateur a l’impression d’entrer dans l’image. Les premiers plans rapprochés tendent vers le flou pour reproduire la vision naturelle.
Les photographies racontent une histoire. Elles reflètent une certaine tension entre les membres, évoquent la transmission et l’hérédité entre les générations. Tina Barney s’intéresse aux fêtes de famille et autres cérémonies rituelles.
À la fin des années 1990, ses portraits se font plus frontaux, au lieu d’être comme le veut la tradition picturale pris de profil. Tina Barney laisse moins de place à l’immédiateté pour des mises en scène dirigées, en particulier pour ses photographies destinées à la publicité, la presse, la mode.
« L’Antiquité avait forgé la notion d’ekphrasis pour désigner la description très détaillée d’un objet ou d’une œuvre d’art. Par leur insistance sur le détail, les œuvres de Tina Barney appellent l’ekphrasis », commente Quentin Bajac (directeur du Jeu de Paume), commissaire de l’exposition.
En dépit du ressenti devant ses photos, la photographe – du haut de ses presque 80 ans – assure qu’elles sont dénuées de toute ironie envers ses sujets. Pas de critique sociale donc mais une photographie qui joue un rôle d’introspection. Pour l’artiste, la photographie est le seul moyen de se poser des questions sur sa vie.
Une oeuvre où l’on se délecte des attitudes des sujets, aussi figés que les portraits des ancêtres accrochés derrière eux. Il aussi amusant de repérer quels sont ceux issus des séries américaines versus européennes. Enfin, il est curieux de lire les titres qui attirent l’attention sur un détail situé à l’arrière-plan, comme si c’était le sujet de l’oeuvre et non le modèle. Une oeuvre intrigante !