Le « Talisman » de Paul Sérusier
Jusqu’au 2 juin 2019
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Musée d’Orsay, 1 rue de la Légion d’Honneur, Paris 7e
Le musée d’Orsay revient sur la genèse du Talisman dit aussi Paysage au bois d’Amour (vers 1888) de Paul Sérusier. Point de départ de l’aventure des Nabis (« prophètes » en hébreu) qui représentent la nature avec des formes simplifiées, recouvertes de couleurs pures posées en aplats. Complète révolution du langage artistique pour l’époque.
Paul Sérusier (1864-1927) réalise Paysage au bois d’Amour en plein-air à Pont-Aven, en octobre 1888, « sous la direction de Gauguin », comme l’indique l’inscription manuscrite au revers de la toile. De retour à Paris, il la présente à ses collègues de l’Académie Julian. Très vite, l’oeuvre devient une icône, un « talisman ».
Maurice Denis relate le récit de la création de l’oeuvre dans un texte publié dans la revue L’Occident (1903) : « Comment voyez-vous cet arbre, avait dit Gauguin devant un coin du Bois d’Amour : il est vert. Mettez donc du vert, le plus beau vert de votre palette ; et cette ombre, plutôt bleue ? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que possible ».
Parmi les Nabis on compte ainsi Sérusier, Denis, mais aussi Ranson, Piot, Ibels et Bonnard. Bientôt les rejoignent Vuillard, Roussel, Verkade, Ballin, Vallotton et Lacombe. Autant de noms dont les oeuvres sont exposées en parallèle de celles de Sérusier, à travers les petites oeuvres que ces artistes composent lorsqu’ils se retrouvent. Généralement lors de dîners qui se transforment rapidement en simulacre de cérémonies religieuses. Ces oeuvres traitent de sujet divers : paysages, scènes religieuses et sciences occultes. Toutes présentent une même radicalité des couleurs et des compositions originales.
« Après Puvis de Chavannes, dont le Bois sacré, cher aux arts et aux muses est un succès au Salon de 1884, les forêts mystérieuses des Nabis évoquent la dimension sacrée de la nature et se transforment en vivants piliers d’une cathédrale naturelle », commente Claire Bernardi (conservatrice peinture au musée d’Orsay), co-commissaire de l’exposition.
Cette petite exposition est le prétexte à la redécouverte des oeuvres des Nabis que l’on peut observer juste avant d’arrivée dans les salles de l’exposition proprement dite (salles 8 à 10, niveau 0). Le cheminent de l’exposition est quelque peu tortueux : il faut entrer dans une première salle à droite, avant d’aller dans le couloir, puis tourner dans une seconde salle à droite, avant d’en ressortir et finir le parcours dans le couloir. Résultat : j’ai vu les oeuvres dans le mauvais ordre ! Cela ne m’a pas empêché de les apprécier, en particulier les toiles de Georges Lacombe (Les Pins rouges, vers 1894/95 ; Marine bleue, effet de vagues, vers 1893). Les formes aux couleurs expressives cernées de noir et la perspective aplatie rappellent les estampes japonaises, que j’affectionne particulièrement, ces oeuvres ayant en plus un petit brin de fantaisie par leurs couleurs pures mais jamais vulgaires.