Jusqu’au 26 avril 2009
Galliera, musée de la mode de la Ville de Paris, 10, avenue Pierre Ier de Serbie 75116, 7€
L’influence de la crinoline, à la mode sous le Second Empire, se poursuit jusqu’au New Look de Christian Dior. C’est ce qu’entend démontrer l’exposition présentée à Galliera, musée de la mode de la ville de Paris, dans une mise en scène festive qui évoque la renommée des bals de l’époque. Entre luxe tapageur et raffinement discret hérité de la Monarchie de Juillet, les silhouettes tout en courbes évoluent sous un air musical avant de se retrouver dans les allées des Grands Magasins naissants. Il est vrai qu’à l’époque, ces dames se changeaient jusqu’à cinq fois par jour…Il fallait donc disposer d’une garde-robe elle aussi bien étoffée!
La Scène de bal, qui inaugure l’exposition, recrée l’ambiance nocturne d’un salon d’hôtel particulier. Boisieries, lourdes tentures dissimulant des miroirs sont restituées dans une gamme chromatique mêlant le rouge au noir, pour accentuer la théâtralité de la scène.
Le bal constitue l’étape obligée de la vie mondaine. Succédant à la morosité de la monarchie de Juillet, il incarne la quête frénétique de plaisirs sous le Second Empire, liée au capitalisme libéral en pleine expansion.
Pour faciliter la marche est inventée « la jupe à tirettes » qui permet de la remonter, comme au temps de la comtesse du Barry (1743-1793). Elle est accompagnée d’un boléro ou d’un paletot assorti. L’ensemble forme « le petit costume », ancêtre du tailleur.
L’usage des parfums et de la cosmétique se répand. Charles Baudelaire fait l’éloge du maquillage dans Le peintre de la vie moderne: « La femme est bien dans son droit, et même elle accomplit une espèce de devoir en s’appliquant à paraître magique et surnaturelle… Ce que notre temps appelle vulgairement maquillage […] a pour but et pour résultat […] de créer une unité abstraite […] laquelle […] rapproche immédiatement l’être humain de la statue, c’est à dire un être divin et supérieur […] le rouge qui enflamme la pommette augmente encore la clarté de la prunelle et ajoute à un beau visage féminin la passion mystérieuse de la prêtresse ».
Si le début du XIXe siècle est marqué par une certaine nostalgie du siècle précédent avec des imprimés de style Pompadour, progressivement apparaissent de nouveaux motifs imprimés ou tissés sur les cotonnades d’Alsace. A partir de 1860, les rayures et les carreaux font fureur.
La dernière partie de l’exposition évoque la naissance des grands magasins, telle, rive gauche, la Maison du Bon Marché (1849) et, rive droite, le Printemps (1865). Ils s’inspirent de l’emporium anglais ou magasin de nouveautés et servent de vitrines aux produits manufacturés, exhibés lors des Expositions Universelles devant un public international.
« La véritable prospérité de notre pays repose sur le développement progressif de ses industries naturelles, c’est à dire de tous les arts sur lesquels l’habileté de la main et la pureté du goût peuvent exercer leur influence », affirmait Auguste Blanqui.
A la différence du XVIIIe siècle, les commanditaires ne dictent pas leurs désirs aux créateurs. C.-F. Worth avançait: « Je ne veux pas que les gens ordonnent leurs vêtements. S’ils le faisaient je perdrais la moitié de mon commerce ». Il développe la pratique de la griffe, qu’il importe d’Angleterre, son pays natal. La marque est cousue en lettres dorées sur le cordon de taille des corsages. Signe de la qualité du produit et preuve de ce qu’il y a de mieux à porter alors. Aujourd’hui, la tendance est plus exhibitionniste avec une étiquette ou un logo immédiatement reconnaissable affiché à l’extérieur du produit.
Autant l’avouer, j’étais sceptique quant à l’intérêt que je pourrais porter à la mode du Second Empire. Les froufrous, imprimés tapissiers et chapeaux fleuris ou, pire, emplumés n’étant pas ma tasse de thé! Pourtant, en dépit du volume des crinolines, on imagine très bien la fluidité du mouvement des femmes de l’époque, déambulant avec élégance. La violence des couleurs est compensée par le raffinement des motifs et des tissus. La mise en scène de l’exposition finit à ravir le visiteur, que l’on suspectera plus facilement féminin…bien qu’un confrère de Radio France Bleu soit reparti enchanté du vernissage!