Jusqu’au 22 février 2015
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-SONIA-DELAUNAY-DELAU.htm]
Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 11 avenue du Président Wilson, Paris XVI
Le couple Delaunay est à l’honneur à Paris cet automne. Mais, pour une fois, c’est Madame qui bénéficie de la plus grande rétrospective !
Le Musée d’Art moderne de la Ville de Paris présente 400 oeuvres de Sonia Delaunay (1885-1979), réalisées entre le début du XXe siècle et la fin des années 1970.
Tandis que Robert Delaunay, qui occupe quelques maigres salles du musée national d’art moderne (Centre Pompidou) autour de son oeuvre Rythme sans fin, conçoit l’abstraction comme un langage universel, Sonia Delaunay, elle, l’expérimente sur de multiples supports : tableaux, projets d’affiches, vêtements, reliures, objets domestiques.
C’est cette activité importante dans les arts appliqués qui a relégué la petite dame d’origine ukrainienne (elle naît à Odessa, sous le nom de Sara Elievna) aux franges de l’histoire de l’art.
Cette grande monographie, la première depuis 1967, entend ainsi réévaluer son travail et rappeler son rôle en tant qu’artiste avant-gardiste, ayant eu un rôle majeur dans l’abstraction.
Peintures, décorations murales, gouaches, estampes et textiles sont présentés selon un parcours chronologique.
De ses premiers portraits figuratifs qui évoquent déjà son intérêt pour la couleur – elle découvre les Fauves, Gauguin et Matisse, à son arrivée à Paris en 1906…
… Aux toiles abstraites fondées sur le « simultanisme » – langage pictural qu’elle crée avec son mari et qui repose sur le pouvoir constructif et dynamique de la couleur.
… En passant par ses réalisations textile. Sonia aménage au sein de leur duplexe (au 19 boulevard Malesherbes) un atelier de couture, où travaillent des ouvrières russes, et un salon d’essayage. Pour Sonia, il n’y a pas de différenciation entre l’art et la vie. Elle pare appartement et mari de ses créations textiles aux couleurs bigarrées qui rappellent sa Russie d’adoption (elle est confiée très jeune à son oncle maternel qui vit à Saint-Pétersbourg) et sa formation académique en Allemagne.
Cependant, précise, Cécile Godefroy, co-commissaire de l’exposition : « Si le modèle de boutique développé entre 1918 et 1930 favorise la rencontre de l’art et du commerce, et ainsi sa diffusion auprès des masses, l’artiste s’inquiète de devoir céder sa marque et réfute l’idée de la vulgarisation. […] elle pense et conçoit chacune de ses créations comme un objet unique. […] Le ressort industriel n’est envisageable que si le produit conserve sa griffe ‘simultanée’ et sa dimension artistique ».
Point d’orgue de l’exposition : la reprise du dispositif mécanique de vitrine animée, breveté par Robert, qui avait été présenté au Salon d’automne de 1924. Y défilent des tissus simultanés, édités par la maison Godau-Guillaume-Arnault. « Les effets vibratoires obtenus par le spectacle ‘réglé et vivant’ des motifs géométriques et teintés derrière l’espace-plan de la vitrine apparaissent comme une formulation anticipée de l’art optique », précise le cartel qui accompagne ce montage surprenant.
L’exposition présente également des costumes de scène dont le costume d’esclave réalisé pour le ballet Cléopâtre (1918), acheminé depuis la National Gallery of Australia (Canberra).
Ainsi que ses dernières oeuvres, marquées par la gouache. « Les dernières huiles acquièrent la matité et l’opacité de la peinture à l’eau, les tapisseries imitent l’effet du crayon gratté sur la feuille de papier’, commente Anne Montfort, co-commissaire de l’exposition.
J’ai apprécié ses gouaches justement et ses compositions circulaires qui accentuent l’idée de mouvement. Dans sa série des Chanteurs flamencos et des Danseuses, la répartition des couleurs accentue l’impression de voir émaner de la musique de la toile. Ne pas rater le documentaire de la fin de l’exposition qui montre Françoise Hardy, portant une robe de Sonia et chantant Comment te dire adieu. Délice d’archive du temps de l’ORTF !