Jusqu’au 11 février 2012 – Prolongation jusqu’au 31 mars 2012
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Hôtel de Ville 75004, Entrée libre
Aujourd’hui, Sempé est devenu l’un des plus célèbres dessinateurs d’humour français. Pourtant, selon ses propres mots, « le métier de dessinateur d’humour est un métier qui ne donne jamais l’impression d’exister. […] En France, on a toujours le sentiment d’être en surplus dans les journaux. Un dessin d’humour, quand la place est comptée, c’est du luxe ». L’Hôtel de Ville organise sa première rétrospective parisienne. Son oeuvre, à la fois riche et légère, a su toucher toutes les générations. De part et d’autre de l’Atlantique.
Bordelais d’origine, Sempé commence sa carrière de dessinateur dans Sud-Ouest Dimanche, qui publie son premier dessin en 1951, signé DRO. Un an plus tard, il invente le personnage de Nicolas, pour le journal belge Le Moustique. Le Petit Nicolas devient un album en collaboration avec Goscinny (rencontré en 1954), aux Editions Denoël (1959). Ce même éditeur accueille son premier album de dessins humoristiques, Rien n’est simple (1962).
Parallèlement, Sempé travaille pour la presse. Il apporte un regard décalé aux actualités. Il est publié par L’Express, Paris-Match, Le Nouvel Observateur, Le Figaro, etc.
En 1979, il entame une collaboration avec le New Yorker. S’il avait su parler anglais, Sempé se serait installé outre-Atlantique. « La rudesse de l’Amérique, ça me plaît. La compétition, ça me plaît, moi. Et puis je sentais que ces gens allaient m’apprendre beaucoup de choses, qu’ils allaient me forcer à faire des choses que je ne savais pas faire ». Comme ces dessins, qui contrairement aux dessins français sont sans légendes et en couleurs. Sans doute pour rendre l’énergie de cette ville qu’il découvre à travers son amour du jazz.
C’est donc à Paris que Sempé réside finalement. La ville le fascine, du moins au temps des autobus à plateforme. « J’adorais dessiner des autobus à plateforme. Maintenant, comment voulez-vous dessiner un autobus? Ils ressemblent tous à un car de voyage, à un camion de livraison »…
Sempé prend ses marques Rive Gauche et devient un habitué des lieux artistiques en vue des années 1950: Le Café de Flore, Chez Lipp, la Closerie des Lilas. Il y rencontre Françoise Sagan, Jacques Tati et Prévert, Raymond Savignac.
Il croque les douces courbes des immeubles haussmanniens, le calme du Jardin du Luxembourg, l’ambiance des clubs de jazz. Mais Sempé sait aussi se moquer gentiment de la foule du métro, de la circulation folle, des manifestations, des gros titres des journaux. Ou encore – point qui m’a vraiment fait rire tant le ton est juste – de la suffisance de l’univers médiatique et artistique.
Ainsi de: « J’ai envie d’écrire une symphonie inspirée d’un tableau que j’ai fait d’après le livre que j’ai commencé qui pourrait être adaptée pour un ballet dont l’argument est un excellent point de départ d’un film qui devrait être coproduit par la télévision et programmé en feuilleton, puis distribué en adaptation théâtrale, dans le circuit des maisons de la culture » (Comme par hasard, 1981).
Ou bien: « Avec les mises en scène modernes, je ne sais jamais s’il s’agit d’une relecture de la pièce où d’une intervention des intermittents du spectacle » (Sentiments distingués, 2007)
Le talent de Sempé est de convier le lecteur/spectateur à l’introspection. Il parvient à révéler nos maladresses, nos doutes existentiels, sans forcer le trait, toujours avec délicatesse. Humour et poésie – même son écriture est ronde et belle à lire – traversent son oeuvre, qui s’adresse à notre esprit et nous rend de bonne humeur. Car c’est important d’être gai, même si l’homme est profondément imparfait et doit vivre avec.