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Secondary

Matthew Barney

Jusqu’au 8 septembre 2024

Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, Paris 14e

La Fondation Cartier pour l’art contemporain présente une rétrospective de l’oeuvre de l’artiste américain Matthew Barney avec en point d’orgue son installation vidéo Secondary.


Vue de l’exposition Secondary de Matthew Barney à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2024 © Eva Herzog

Artiste, sculpteur, réalisateur, Matthew Barney (né en 1967 en Californie, vit à New York) est un artiste prolifique, connu pour son cycle cinématographique Cremaster (1994-2002).


Matthew Barney, Secondary, 2023. Installation de cinq vidéos couleur 4K avec piste sonore. Durée : 60 minutes © Matthew Barney. Photo de l’installation : Dario Lasagni. Courtesy de l’artiste, Gladstone Gallery, Sadie Coles HQ, Regen Projects, et Galerie Max Hetzler

Sportif amateur de football américain, il assiste à l’âge de 11 ans à un accident lors du match du 12 août 1978, au cours duquel Jack Tatum (demi-défensif) des Oakland Raiders heurte de plein fouet Darryl Stingley (receveur éloigné) des New England Patriots, qui en reste tétraplégique.


Matthew Barney, Secondary, 2023. Installation de cinq vidéos couleur 4K avec piste sonore. Durée : 60 minutes © Matthew Barney. Photo de l’installation : Dario Lasagni. Courtesy de l’artiste, Gladstone Gallery, Sadie Coles HQ, Regen Projects, et Galerie Max Hetzler

Marqué par cet événement qui passe en boucle sur les chaînes de télévision, Matthew Barney place la violence et la médiatisation de ce sport au coeur de l’intrigue de Secondary. Avec l’aide d’acteurs, danseurs, chanteurs – il va jusqu’à imaginer un hymne national pour son pseudo-match, conçu et interprété par une des rares descendantes Apaches, Jacquelyn Deshchidn -, l’artiste américain recrée le blason des Raiders au sol. Il projette sur plusieurs écrans une chorégraphie qui reprend les éléments du football américain, exercices d’entraînement, rituels d’avant-match, moments d’impact entre les joueurs. Cette installation, montrée initialement dans son studio de Long Island, est reproduite au rez-de-chaussée de la Fondation Cartier.

« Les rôles des athlètes sont interprétés par des danseurs professionnels et par moi-même, tous d’âges très divers avec un accent mis sur les corps vieillissants », précise M. Barney. Car comme le dit Jacquelyn Deshchidn : « Je constate que les vétérans et les athlètes subissent le même traitement que les peuples autochtones qui ont été mis au rebut. Les deux sont de fiers symboles de ce que nous glorifions en tant que nation, mais dès lors qu’ils sont trop abîmés pour être exploités, on se débarrasse d’eux. »

Les artistes-athlètes utilisent dans leur chorégraphie des matières élastiques qui évoquent la pâte antidérapante (Stickum) utilisée par les joueurs des Raiders pour augmenter leur potentiel d’interception du ballon du bout des doigts et entraver la tâche des receivers qui voulent échapper à l’action de défense.


Vue de Drawing Restraint 27 de Matthew Barney à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2024 © Eva Herzog

Parallèlement (au sous-sol), l’exposition montre une sélection de Drawing Restraint, oeuvres vidéos débutées en 1987 alors que Matthew Barney est étudiant à l’Université de Yale, et une version toute récente, tournée pour et à la Fondation Cartier (Drawing Restraint 27). On y voit des acteurs qui utilisent les sculptures en terre cuite de M. Barney, en forme d’altères et de disques de poids, pour laisser des traces sur les murs.


Vue de l’exposition Secondary de Matthew Barney à la Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris, 2024 © Eva Herzog

Thèmes de la mémoire, de la force, de la fragilité et de l’élasticité sont au coeur de cette oeuvre percutante.

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