Jusqu’au 26 juillet 2015
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-LES-MAITRES-DE-LA-SCULPTURE-IVOIR.htm]
Catalogue de l’exposition :
Site du musée du quai Branly, Paris, Galerie Jardin, Paris VII
En prenant pour objet la sculpture de Côte d’Ivoire, le musée du quai Branly s’attache à retrouver les traces de ceux qui sont à l’origine des oeuvres africaines conservées dans les musées du monde entier.
Au XIXe siècle, l’art africain est défini par les ethnologues occidentaux en fonction de sa zone géographique et de son style iconographique. Interchangeables, les créations sont l’expression d’une région, d’une ethnie, d’une communauté et non celle d’un « artiste » sculpteur.
En Côte d’Ivoire, on distingue ainsi six régions artistiques dominantes : à l’ouest, les Dan ; au centre les Gouro, à l’est, les Baoulé ; au sud-est, les Peuples des Lagunes ; au nord, les Sénoufo ; au nord-est, les Lobi.
Au sein de ces régions, le parcours de l’exposition présente quelques personnalités artistiques, ou à défaut les ateliers les plus connus. Sra (Dan) était considéré parmi les siens comme un dieu à part entière. Tout en étant chasseur de son métier. Chez les Gouro, citons le sculpteur Sabou bi Boti, connu également pour ses talents de musicien et de guérisseur. Le maître dit « de Kamer » se distingue chez les Baoulé. Quant aux peuples lagunaires, l’atelier « des volumes arrondis » domine.
Le fait que les artistes n’aient pas signé distinctement leurs oeuvres rend la tâche ardue aux ethnologues contemporains pour les sortir de l’anonymat collectif. Ou peut-être l’avaient-ils fait mais les spécialistes d’antan n’ont pas su discerner ces marques de reconnaissance qui, avec le temps, ont disparu. Les oeuvres sont alors dénommées en fonction de leurs caractéristiques dominantes (« mains en forme de pelle », « dos cambré », « coiffure en crête de coq » chez les Sénoufo) ou du village où elles ont été créées (Totokro pour les Baoulé).
Une autre considération erronée que l’exposition entend éradiquer est de croire que l’art africain est lié uniquement au rituel. Si les sculpteurs travaillent loin des yeux des non-initiés pour la fabrication de masques, ils créent au sein du village quand il s’agit de réaliser des objets usuels (tabourets, grandes cuillères cérémonielles, étriers de poulies de métier à tisser).
Dernière idée reçue : « Les sculpteurs traditionnels ont, eux aussi, vécu les invasions, les migrations, les colonisations. Comme les artistes contemporains, ils n’étaient pas isolés du monde extérieur et étaient soumis à diverses influences ! », commente Lorenz Homberger, co-commissaire de l’exposition (ancien conservateur de l’art africain et océanien du Museum Rietberg de Zürich).
Ainsi, pour montrer la continuité entre les oeuvres des XIXe et XXe siècles et celles d’aujourd’hui, le parcours se termine, ou plutôt, s’ouvre sur trois artistes contemporains. Tel Jems Robert Koko Bi, dont l’oncle – en Afrique, le métier d’artiste se transmet généralement d’oncle à neveux – était sculpteur traditionnel de masques (signe de son talent, les apprentis moins doués étaient alloués à la fabrication des objets usuels). L’artiste participe régulièrement à la Biennale de Dakar et a été invité à la Biennale de Venise (2013).
J’ai trouvé que l’exposition apportait un véritable regard novateur sur l’art africain. La forte présence physique des oeuvres ne fait qu’accentuer l’intérêt des propos.