Jusqu’au 13 avril 2008
Fondation Henri Cartier-Bresson, 2, impasse Lebouis 75014, 01 56 80 27 00, 6€
Photographe américain, contemporain d’Edward Steichen, Saul Leiter (né en 1923 à Pittsburgh) a émergé dans les années 1950 avant de végéter longuement à l’ombre de la reconnaissance publique. La Fondation Henri Cartier-Bresson propose aujourd’hui de redécouvrir le talent de cet artiste volontairement décalé.
Pour la toute première fois, l’oeuvre de Saul Leiter est exposée en France. Pourtant, dès 1953 et 1957, son travail est considéré digne d’être montré à New York, au Museum of Modern Art. Edward Steichen, alors conservateur en chef de la photographie du MoMA, sélectionne 25 de ses tirages noir et blanc pour l’exposition Always the Young Stranger. Quatre ans plus tard, il en intègre une autre vingtaine lors d’une conférence sur l’Experimental Photography in Color.
Les rues de New York constituent la source d’inspiration principale de S. Leiter. Qu’il s’agisse de ses photographies noir et blanc ou de celles en couleur. Des pieds, des chapeaux, un passant vue de la fenêtre embuée d’un café, des postiers marchant dans la neige, etc. Pour l’essentiel, il s’agit de détails que Saul Leiter, par son sens de l’observation décalé, sait rendre poétique, délicat, en opposition complète avec la mastodonte urbaine dans laquelle il (nous) évolu(ons)e.
« Les photographies sont souvent considérées comme la réalité pure; elles sont en fait de petits fragments de souvenirs de ce monde inachevé », commente l’artiste.
Dans le domaine de la mode, Saul Leiter a su apporté un regard incisif qui tranche avec l’insipidité de la plupart des photographies actuelles. Il aime représenter des cadres brouillés, des visages dédoublés, conférer une expressivité poignante au regard de ses modèles. Comme l’attestent les pages exposées de Exquire et Harper’s Bazaar, dans lesquels Henry Wolf, directeur artistique, a publié les travaux du photographe.
En parallèle à la centaine de photographies couleur (au 1er étage) et noir et blanc (au 2e étage) , réalisées de 1947 à la fin des années 1960, sont exposées ses oeuvres peintes. Là encore l’artiste impose une vision toute personnelle, abstraite, de ses sources d’inspiration: Vuillard, Bonnard et Sotatsu.
Cet artiste qui fuit instinctivement les moules aime peindre au milieu de ses livres et de ses photographies. « J’ai un grand respect pour le désordre, confie-t-il à la commissaire de l’exposition, Agnès Sire. « Le jugement le plus sérieux que je peux avoir sur mon travail, c’est qu’il est inachevé et c’est l’inachevé qui m’attire ».