Merveilles de soie et d’or
Jusqu’au 4 juin 2023
Institut du monde arabe, 1 rue des Fossés-Saint-Bernard, Paris 5e
En contrepoint de l’exposition sur « les splendeurs des oasis d’Ouzbékistan » (musée du Louvre, jusqu’au 06/03/23), l’Institut du monde arabe présente 300 oeuvres représentatives des trésors artisanaux de ce pays d’Asie centrale, traversé par la route de la soie au milieu du XIXe siècle.
Tissus brodés, accessoires épiques (selles en bois peintes à la main, harnachements en argent sertis de turquoises), tapis, bijoux, témoignent de la richesse créative des maîtres-artisans ouzbeks. En particulier ceux qui officient dans l’atelier privé de l’émir de Boukhara où des pièces uniques sont fabriquées. Elles n’avaient jamais encore quitté leur pays.
« L’art de la broderie d’or atteint son apogée pendant le règne de l’émir Muzaffar-Ed-Din (1860-1885) », commente Élodie Bouffard, une des commissaires de l’exposition. Avec en point d’orgue le chapan (manteau) de son couronnement.
Les suzanis (pièces brodées qui ornent les intérieurs) sont confectionnés à l’intérieur des maisons, par les femmes, pour préparer la dot dès la naissance de leur fille. Les ikats constituent un autre procédé de tissage et de teinture qui concourent à la renommée des textiles ouzbeks. Coton et soie sont cultivés dans les oasis. La laine provient du bétail élevé dans les steppes et les régions montagneuses, que les femmes vendent ensuite sur les marchés urbains.
L’invasion russe de 1868 entraîne dans un premier temps de rares changements au niveau de la production locale des textiles, peu de tissus étant importés des usines russes. Mais à partir de 1924, la nouvelle politique économique soviétique entraîne l’industrialisation et la collectivisation des centres de production, qui mettent en péril l’héritage de l’art textile artisanal ouzbek.
Les répercussions artistiques sont plus positives : les peintres de l’école russe se nourrissent des paysages, des formes et des couleurs omniprésentes dans toutes les régions du territoire ouzbek.
Une rare occasion d’admirer ces textiles, dans une scénographie aérienne (beaucoup de suspensions). L’ensemble est somptueux !
À découvrir également au sous-sol de l’IMA : l’exposition des oeuvres de « Baya, femmes en leur jardin » (jusqu’au 26 mars 2023). Première rétrospective française consacrée à Fatma Haddad, plus connue sous le nom de Baya (1931-1998), elle dévoile les oeuvres colorées aux personnages comme modelés, de cette femme pionnière de l’art contemporain algérien. Une oeuvre réjouissante et originale.