Promenades aériennes de Roger Henrard
Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné 75003
7 novembre 2006 – 7 janvier 2007
Rens.: 01 44 59 58 58
Dans le cadre du Mois de la Photo, le Musée Carnavalet expose 65 vues en noir et blanc du pilote-photographe Roger Henrard (1900-75), qui enregistre l’évolution urbanistique de la capitale. Et offre un panorama aérien surprenant au Parisien, plutôt habitué au bitume encombré de la ville!
« L’intérêt de ces photos ne réside pas dans leur présentation de monuments historiques » précisent Jean-Baptiste Woloch et Catherine Tambrun – commissaires de l’exposition. « Mais dans l’apport qu’elles offrent en matière de connaissances urbanistiques parisiennes ». Et de leurs qualités artistiques. La capitale n’a connu que peu de changements depuis les grands travaux haussmanniens.
Il s’en dégage un jeu de lumière et de volumes fascinant. Le spectateur découvre des vues inédites. Il prend conscience de la géométrie des masses de pierre, imperceptible au sol, et des astuces
C’est que Roger Henrard étudiait minutieusement son parcours avant de se lancer à basse altitude – ce qui requérait d’obtenir la permission des autorités civiles et militaires. Il devait toujours prévoir des conditions climatiques clémentes, et surtout des points de chute en cas de panne de moteur. Ainsi pouvait-il compter sur la Seine – mais encore fallait-il viser entre deux ponts -, « les plants de salade et d’épinards de Gennevilliers […] ou les verrières de la gare de l’Est » (1953), rapporte l’écrivain Jules Roy. Ce dernier suggère même « les terrasses des Galeries Lafayette ». Tel André Labarthe qui, parti de Londres, se posa sur la terrasse des célèbres magasins le 4 juillet 1948.
Pour ses prises de vue, le photographe utilise un appareil à la pointe de la technologie… de l’époque – un « Altiphote » Richard-Labrély -, une antiquité présentée dans l’exposition. Pour vaincre les brumes, il recourt à des émulsions sensibilisées produites en France, en Amérique ou en Allemagne.
Car « même par temps très clair, [ la capitale est ] constamment surmontée d’une brume de caractère spécial – une sorte de condensation de fumée et de particules opaques en suspension », explique Roher Henrard. Une manière poétique d’évoquer la pollution?
Une petite exposition-dossier gratuite, qui mérite d’être vue en prenant son temps pour examiner tous les détails que ces vues exceptionnelles – ce regard « inhumain » – offrent sur Paris.