Robert Doisneau

Instants donnés

Jusqu’au 12 octobre 2025

Musée Maillol, 61 rue de Grenelle, Paris 7e

Le musée Maillol présente une grande rétrospective sur l’oeuvre de Robert Doisneau (1912-1994). Pour dépasser son cliché des amoureux de Paris (Le Baiser de l’Hôtel de Ville, 1950) et rappeler l’immense carrière du photographe français, reporter de la rue, des écoles, des banlieues, des personnalités, des bistrots et jardins parisiens, comme des travailleurs de la mine. Le point commun de toutes ses photographies : faire ressortir le merveilleux de l’ordinaire.

Les coiffeuses au soleil, juin 1966 © Atelier Robert Doisneau

L’homme a deux ambitions : montrer au passant pressé le « spectacle gratuit et permanent de la rue » pour éveiller son regard, et révéler le trésor de chacun, dont aucun n’a vraiment conscience. « C’est mon rôle social de montrer l’évidence », disait-il.

«Les frères», rue du Docteur Lecène, Paris, 1934 © Atelier Robert Doisneau

Les premières photos capturent l’enfance des écoliers, des blagues faites par les gamins dans la rue (La sonnette, Paris, 1934) à la grâce d’une maîtresse en train d’enseigner (La libellule, école de la rue de Verneuil, 1956), du regard malicieux d’un enfant qui surveille l’heure (Le cadran solaire, Paris, 1956) aux pleurs de la cour d’école (Chagrins de la récré, Paris, 1956), de la traversée de la rue de Rivoli, les enfants se tenant attachés par les tabliers (Les tabliers de Rivoli, Paris, 1978) à l’heure de la pause pipi, un pigeant posé sur la tête d’un petit garçon (Le pigeon indiscret, Gentilly, 1964).

Parallèlement, Robert Doisneau effectue des campagnes publicitaires, qui lui permettent de jouer des effets d’optique comme dans Distorsion optique (1965) où la Tour Eiffel semble se tordre sous l’effet des nuages. Dans Couple tire-bouchon (1964), un couple danse et se tortille dans un effet de blanc et noir.

14 juillet aux Tuileries, Paris, 1978. © Atelier Robert Doisneau

De Paris, on admire ces femmes qui marchent en mocassin sur les pavés soulevés du boulevard Saint Michel (1968), deux personnes âgées assises dans le jardin des Tuileries en train d’observer le défilé des avions dans le ciel lors du 14 juillet (1978), un homme monté sur les épaules de sa dame pour lire l’affiche du kiosque (L’ascension de la colonne Morris, 1957), un homme tenant un parapluie sur son violoncelle (1957), le regard perçant d’une concierge par-dessus ses lunettes (La concierge aux lunettes, Paris, 1945).

Usine Bobin à Montrouge, 1945 © Atelier Robert Doisneau

Doisneau sait aussi capter des moments plus sombres comme ces enfants qui ramassent du charbon le long du canal Saint-Denis (1945), le travail aliénant des ouvrières – l’une d’elle est littéralement attachée à la machine (Ouvrière à l’orfèvrerie Christofle, 1943).

La dernière partie du parcours confronte les oeuvres d’Aristide Maillol avec celles de Doisneau. Ca donne des gens qui regardent plus ou moins horrifiés la peinture d’une femme nue à travers la vitrine d’une galerie (La vitrine de Romi, Paris, 1948), un public aux yeux ronds devant la Joconde (1945), et des vues de Dina Verny en train de surveiller l’installation des sculptures de Maillol au jardin des Tuileries, de vigoureux ouvriers posant allègrement leurs mains sur les seins de la statue (1964).

Les 400 images présentées couvrent l’entièreté de la carrière (1934-1992) du photographe et sont issues de l’Atelier Robert Doisneau, tenu par les filles de l’artiste. Elles alternent entre couleurs/noir et blanc, humour et tristesse, dans un juste équilibre. La scénographie, efficace et sobre, laisse toute la place au génie de Doisneau de se révéler. Une expo réussie à 100% !

Taggé .Mettre en favori le Permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *