Jusqu’au 5 mars 2023
Musée Rodin, 77 rue de Varenne, Paris 7e
Le musée Rodin présente la passion du sculpteur pour la culture antique égyptienne. Entre 1890 et la Première Guerre mondiale, A. Rodin rassemble plus de mille objets de l’époque prédynastique à l’ère arabe.
À partir des années 1850, Paris connaît une véritable égyptomanie, suite à la campagne de Napoléon en Égypte, la pose de l’Obélisque de Louxor place de la Concorde (1833), les fouilles archéologiques et le percement du canal de Suez (1869). Théophile Gautier publie Le roman de la momie (1857). Auguste Mariette crée le poste de directeur du Service des antiquités d’Égypte (1858), un parc d’attraction égyptien avec un temple et son allée du Sphinx pour exposer les oeuvres du musée de Boulaq au Caire. Il met également en scène l’opéra Aïda de Verdi. L’Opéra Garnier se dote de motifs égyptisants (1875).
C’est dans ce contexte que Rodin commence à acheter de petits objets sculptés via des antiquaires – des « passeurs » – comme les appelle Bénédicte Garnier, commissaire de l’exposition, tels Marius Tano, Léon Paul Philip, Joseph Altounian et Joseph Brummer. Mais c’est également au contact de son secrétaire, le poète Rainer Maria Rilke, et des danseuses Isadora Duncan ou Loïe Fuller, initiatrices de la danse moderne par leurs drapés et mouvements fluides, que Rodin se familiarise avec la culture égyptienne.
Bien que fantasmés, comme l’ont été ceux du Japon au début du 20e siècle, les canons de l’art égyptien imprègnent les recherches de Rodin pour transcrire le mouvement, insuffler la vie, dans ses oeuvres figées. On le voit particulièrement dans L’homme qui marche avec son pied posé devant ou dans la simplification des formes, comme le monolithe que forme son Monument à Balzac, dont Rodin dira lui-même à la fin de sa vie qu’il a voulu « le monter comme un colosse de Memnon ».
Une exposition très bien mise en scène, qui apporte un nouveau regard sur le maître de la sculpture moderne.