Henri Cernuschi, un collectionneur au temps du Japonisme
Jusqu’au 04 février 2023
#ExpoRetourDAsie
Musée Cernuschi, 7 avenue Vélasquez, Paris 8e
Le musée Cernuschi célèbre les 150 ans du retour d’Asie du banquier et collectionneur Henri Cernuschi (1821-1896), qui a fait un périple de 16 mois entre 1871 et 1873. Avant de créer l’un des tout premiers musées d’art asiatique à Paris.
Républicain engagé, partageant sa vie entre Milan, sa ville natale, et Paris, Henri Cernuschi a 50 ans lorsqu’il embarque pour l’Asie, en compagnie du journaliste français Théodore Duret (1838-1927), fervent défenseur des impressionnistes et républicain comme lui.
À la chute de Napoléon III, Cernuschi demande la nationalité française. Mais devant la tragédie de la Commune, il fait un grand voyage – l’année même où est publié Le Tour du monde en 80 jours de J. Vernes – pour découvrir l’Asie. À commencer par le Japon.
De Liverpool, les deux hommes rejoignent New York, puis San Francisco d’où ils embarquent pour traverser le Pacifique. Ils arrivent à Yokohama en octobre 1871. Si les Européens commencent déjà à s’intéresser à l’artisanat japonais – le pays s’ouvre au commerce international en 1854 -, ils n’en connaissent que la porcelaine et le laque. H. Cernuschi découvre l’importance du travail du bronze et rapporte vases, brûle-parfums, sculptures de bouddhas, dont le monumental Bouddha Amida, provenant du quartier de Meguro à Tokyo.
Cernuschi et Duret passent ensuite cinq mois en Chine, où ils poursuivent leur quête d’objets religieux, bouddhiques mais aussi taoïques. L’arrivée à Beijing et l’accès aux antiquaires du quartier de Liulichang permettent à Cernsuchi d’acquérir des bronzes anciens tel un énorme chaudron daté du VIe siècle avant J.C., au décor de dragons entrelacés. Une installation auditive permet d’écouter la retranscription des négociations entre les deux Européens et les antiquaires chinois.
Passés par Hong-Kong, Cernuschi et Duret gagnent Java, le Sri Lanka et l’Inde (1872). Ils embarquent à Mumbai pour rejoindre Liverpool et Paris (janvier 1873). À l’automne 1873, H. Cernuschi dévoile ses acquisitions lors d’une grande exposition au Palais de l’Industrie, qui avait été construit pour l’Exposition universelle de 1855. Il y présente 1500 bronzes japonais et chinois. Parmi les visiteurs, le peintre Gustave Moreau, le designer Émile Reiber (orfèvre pour Christofle), et le céramiste Théodore Deck, s’inspirent des modèles présentés pour nourrir leurs propres réalisations, qui ont la particularité de combiner l’art chinois et japonais. Cette exposition sert de laboratoire à Cernuschi pour la future organisation de sa collection, au sein de l’actuel musée Cernuschi, sa maison-musée.
À l’annonce de l’ouverture de son musée, des photographies de ses chefs-d’oeuvre sont publiées dans la presse illustrée. Ce qui influence une nouvelle génération d’artistes tel François Pompon (1855-1933), dont les oeuvres animalières se caractérisent par son sens de l’épure et son goût du lisse, inspirés des bronzes japonais.
La dernière partie du parcours recrée la disposition adoptée par le collectionneur pour ses pièces. « Si les salles du rez-de-chaussée respectent l’architecture de l’hôtel particulier », commente Éric Lefebvre (directeur du musée), commissaire de l’exposition, « le premier étage casse les codes en ouvrant l’espace pour recréer l’intérieur d’un temple. Au centre domine la statue du Bouddha Amida, avec à sa gauche sa collection de bronzes japonais et à droite ceux de Chine », précise-t-il.
Par la suite, Cernuschi continue d’enrichir sa collection en achetant de nombreuses pièces par l’intermédiaire de Ferdinando Meazza. En 1882, il fait connaître sa décision de léguer son fonds à la Ville de Paris.
Un parcours très bien mis en scène, qui alterne les objets de grande taille et les miniatures. Il est particulièrement adapté à une visite en famille ; une idée de sortie pour les vacances de la Toussaint !