Réouverture du musée Carnavalet – Histoire de Paris
Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné, Paris 3e
Après quatre ans d’importants travaux, le musée Carnavalet rouvre ses portes dans son élégant écrin : un ancien hôtel particulier du XVIe siècle, le seul daté de cette époque dans le Marais. Un peu moins de 4.000 oeuvres (3800 exactement) – toutes restaurées – sont mises en lumière dans un nouveau parcours chronologique, repensé pour les familles. Avec une entrée gratuite pour tous. Une vraie réussite !
Plus ancien musée de la Ville de Paris, qui avait ouvert ses portes en 1880 pour conserver les restes des démolitions liées aux grands travaux d’urbanisation d’Haussmann, le musée Carnavalet collectionne aujourd’hui pas moins de 625 000 oeuvres.
L’agence Chatillon Architectes, associée à Snohetta, et à l’agence NC (Nathalie Crinière) pour la scénographie permanente, ont travaillé ensemble pour repenser l’espace du musée. Tant au niveau de la restauration des murs que de l’espace intérieur. Avec un parcours véritablement chronologique qui débute à la Préhistoire (9600-6000 avant notre ère), grâce à la percée des sous-sols, alors inaccessibles au public. En outre, le musée s’ouvre à de nouvelles périodes : Renaissance, Moyen-Âge, 20e et 21e siècles (y compris l’ère du Grand Paris).
Une longue visite vous attend donc ! Le mieux, étant comme pour le musée du Louvre, de choisir les périodes que vous souhaitez approfondir lors de plusieurs visites. Le musée se dote de period rooms qui se définissent par une unité de temps et de lieu : le mobilier, les boiseries et décors de ces salles ont été réalisés autour des 17e et 18e siècles par des artisans parisiens.
Parmi les oeuvres phares, citons une pirogue taillée dans un seul morceau de chêne de plus de cinq mètres, retrouvée sur la berge d’un bras de la Seine, à proximité d’un groupe d’habitations néolithiques. Des enseignes de commerce comme celle de l’apothicaire Lescot. Le secrétaire de madame de Sévigné, figure incontournable de la vie intellectuelle parisienne du 17e siècle. La peinture à l’huile sur bois de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen attribué à Jean-Jacques Le Barbier (vers 1789). Les décors monumentaux de la salle de bal de l’industriel Maurice de Wendel (hôtel particulier situé avenue de New-York), dont les travaux de restauration continueront de se dérouler en septembre 2021, sous les yeux du public. Les décors du Café de Paris (avenue de l’Opéra) réalisés par Henri Sauvage et Louis Majorelle. La bijouterie Fouquet créée par Alfons Mucha (1901). Le mobilier de la chambre de Proust. Ou encore la photographie de Laurence Geai prise lorsque 3,7 millions de Français sont descendus dans la rue le 11 janvier 2015 pour exprimer leurs émotions suite aux attentats. Sans oublier les images de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame en 2019 et tout dernièrement la pandémie de Covid 19…
Finies les salles sombres et place à la lumière naturelle ! Grâce aux grandes fenêtres qui donnent sur les jardins des deux hôtels particuliers qui composent actuellement le musée (Hôtel de Ligneris et Le Peletier de Saint-Fargeau). On le ressent particulièrement dans la salle de restitution du décor créé par Charles-Nicolas Ledoux pour le salon de compagnie du duc d’Uzès, dont l’hôtel particulier avait son entrée rue Montmartre et qui a été démoli en 1868.
Enfin, un gros travail a été effectué sur la médiation. Trente pour cent des oeuvres sont accrochées à hauteur d’enfants (tableaux ou maquettes). Deux sortes de cartels sont présentés : des détaillés et des plus concis pour les visiteurs pressés ou tirés par la main des enfants ! Ces derniers ont été consultés sur leur vision des oeuvres, concrétisée par des dessins parfois en décalage avec ce qui est présenté. Comme cette légende décrivant la sainte patronne de Paris, Sainte-Geneviève repoussant les Huns devant l’Hôtel de Ville (vers 1620), mais perçue comme une dame lisant (elle tient un livre dans sa main) dans une bibliothèque !
« Faire du nouveau sans rien changer », tel était le crédo des architectes pour que les visiteurs puissent retrouver l’âme particulier de ce musée parisien par essence.