Jusqu’au 1er mars 2009
Espace Fondation EDF, 6, rue Récamier 75007, Entrée libre
Pierre Loti avait découvert l’emprise de cette terre sauvage, isolée au coeur du Pacifique. Rapa Nui ou Ile de Pâques sonne comme un rêve lointain, mystérieux, dont la civilisation pascuane n’a pas encore révélé tous ses secrets. L’Espace Fondation EDF présente près de 150 oeuvres apportant quelques éléments de compréhension de cette culture des confins du monde. Une invitation à un voyage « à demi fantastique », comme le qualifie Pierre Loti.
« Il est au milieu du Grand Océan, dans une région où l’on ne passe jamais, une île mystérieuse et isolée; aucune autre terre ne gît en son voisinage et, à plus de 800 lieues de toutes parts, des immensités vides et mouvantes l’environnent… » (Pierre Loti).
Accueilli par une immense statue de pierre – caractéristique la plus connue de l’art local -, le visiteur pressent d’emblée le caractère magique de Rapa Nui.
La terre la plus proche de l’Ile de Pâques n’est qu’un micro atoll de 0,15 kilomètres carrés! Appelé Salas-y-Gomez, il se situe à pas moins de 415km au nord ouest de Rapa Nui.
L’Ile de Pâques ne mesure elle-même que 24km sur 14km, soit une superficie de 164km (proche de celle de l’Ile d’Oléron). Elle s’est formée par le rapprochement de trois volcans: Poike, qui émerge entre -3 et -2,5 millions d’années (récent au regard de l’histoire de la Terre) au sud est de l’île; Rano Kau (-2,5 millions d’années) au sud ouest; et Teravaka (-1,8 millions d’années) au centre de l’île.
Rapa Nui est découverte par les Polynésiens, arrivés probablement des Marquises, entre le VIIIe et le XIIe siècle, à la même époque qu’ils abordent Hawaï et la Nouvelle-Zélande. Ils y apportent leurs croyances, leurs dieux, leurs plantes et leurs animaux.
La population se compose de l’aristocratie, avec son chef suprême (l’ariki mau), d’essence divine, garant de la fertilité de l’île (le premier, selon la tradition orale, s’appelait Hotu Matua), de la noblesse armée et du clergé. Les chefs de guerre (mata toa) sont désignés pour leur bravoure et peuvent être issus du peuple (hurumanu).
Les Rapanui et les Pascuans (horticulteurs) sont vêtus d’un simple cache-sexe, composé d’une touffe d’herbes pendue à une cordelette. Les tatouages traduisent l’importance du rang social, comme les coiffes faites de plumes de coq (hau moroke), les ornements d’oreilles et les pendentifs portés par l’aristocratie. Ils utilisent une écriture, qui défie encore les épigraphistes, appelée rongorongo.
Les anciens Rapanui construisent des ahu, plate-formes de pierres atteignant parfois 150m, qui expriment la puissance de leur tribu et contiennent les os sacrés de leurs ancêtres. On en compte aujourd’hui 250 répartis autour de l’île. Elles sont souvent réhaussées de statues géantes (les moai) qui incarnent les aïeux les plus célèbres, élevés au rang de divinités.
La déforestation tragique que subit l’île au XVIIe siècle bouleverse profondément les croyances religieuses, le système socio-économique et architectural. Pêle-mêle: l’ariki mau, révélé impuissant contre la séchèresse, est détrôné par le dieu Makemake qui élit chaque année un « homme-oiseau ». L’horticulture s’adapte au manque d’eau grâce à l’utilisation de cavités naturelles servant de serres (notamment pour les bananiers) et des murets circulaires (manavai) sont construits pour prévenir la dessiccation des végétaux.
Deux autres formes artistiques pascuanes sont présentées dans l’exposition, organisée par deux experts du CNRS, Catherine et Michel Orliac. Il s’agit des pétroglyphes – art rupestre localisé à Orongo – et des sculptures en bois sacré.
D’après les croyances locales, les oiseaux représentent les messagers des divinités. Ils se posent sur les arbres dont les racines atteignent le pays des morts. Leur bois est donc sacré et possède une âme, tout comme les animaux et les pierres.
Seuls deux bois à fort pouvoir symbolique sont utilisés pour la taille des figurines, des pales, des ornements corporels et des insignes du pouvoir et des accessoires de danses: le bois dit rose d’Océanie (makoi) et le bois rouge (toromiro). Ce dernier a disparu il y a une cinquantaine d’années. Mais sa variété est aujourd’hui cultivée au jardin botanique exotique de Menton et l’espoire demeure qu’il réintègre son milieu naturel.
Pour terminer cette riche exposition, arrêtez-vous dans la salle du rez-de-chaussée qui diffuse un film des photographies de Micheline Pelletier, accompagnées d’une musique originale de Jérôme Braque et d’un texte de Pierre Loti. Envoûtant.
I want to know the name of the original music of Jerome Braque ~
Très belle expo, j’aimerai aussi pouvoir trouver la musique de Jerome Braque du diaporama
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