Musée du Louvre, Hall Napoléon, 99 rue de Rivoli 75001
20 octobre 2006 – 8 janvier 2007
Rens.: 01 40 20 53 17
Peintre populaire pour son engagement politico-social outre-Manche, William Hogarth – pourtant apprécié de l’élite française « éclairée » – n’a jamais reçu l’honneur d’être exposé publiquement dans la patrie des Lumières. Le Louvre entend aujourd’hui réparer ce préjudice grâce aux prêts généreux des musées anglo-saxons d’où proviennent l’ensemble des peintures (45) et gravures (40) présentées.
William Hogarth (1697-1764) représente le premier peintre anglais à oser sortir des chemins académiques de la peinture d’Histoire – entendez les scènes bibliques – pour mettre à la mode les paysages, les portraits et la gravure, considérés à l’époque comme des « sous-genres » picturaux.
La peinture anglaise lui doit également les fondements d’une école nationale – de Reynolds et Gainsborough à Turner et Constable, en passant par Rowlandson, Blake et Gilray – qui entend rivaliser avec celles du continent (françaises et italiennes, notamment).
Enfin, Hogarth est devenu le premier peintre d’art populaire, s’engageant artistiquement – dont le symbole extrême est son Opéra des Gueux (1728) – et politiquement contre l’abandon des classes laborieuses en Angleterre.
William Hogarth naît à Londres en 1697, dans une famille modeste. Il devient graveur sur métal avant de fréquenter l’atelier du peintre de cour James Thornhill – chargé de la décoration de la coupole de Saint Paul – dont il enlève la fille pour l’épouser (1729).
Des romans sans paroles, aux images tout aussi suggestives
Dès l’origine, Hogarth pratique une peinture sociale et moralisatrice, conçue pour être gravée. Il crée des séries narratives, dont les plus célèbres sont Le mariage à la mode et La Carrière d’un roué (i.e. d’un débauché) – la pudeur de l’époque aimant recourir à l’euphémisme!
Dans la série Le Zèle et la Paresse (1747) – l’histoire de deux apprentis tisserands – le bon enfant, malicieusement prénommé Goodchild, travaille dur et devient lord-maire de Londres. Tandis que le paresseux, Idle (oisif), termine pendu pour abominables crimes. Wiiliam Hogarth préconise ainsi – de manière très humoristique – l’éducation de la jeunesse pour lutter contre la criminalité.
Par ces gravures narratives, il entend dynamiser la représentation de ses sujets et la perception du public afin de mieux faire passer son message.
Inspiré de l’esprit des Lumières, et notamment de John Locke – fondateur de la philosophie empiriste avec son Essai sur l’entendement humain (2ème édition, 1694), présenté sous verre -, Hogarth conçoit la peinture comme une expérience visuelle qui amène à la connaissance, au progrès. A l’image de Locke qui démontre que le monde ne s’appréhende pas par les cinq sens mais se comprend par la raison, W. Hogarth invente dans ses toiles un parcours oculaire qui aboutit à une suite d’expériences, à une progression et, in fine, à une morale bien pensante.
« Dans les excellentes oeuvres de Hogarth, on voit la scène de tromperie exposée avec toute la force de l’humour, et, en regardant l’image suivante, on en mesure les conséquences déplorables », commentait son ami romancier Henry Fielding (1707-54).
Ainsi en est-il de La Carrière d’une prostituée, qui meurt atteinte de syphilis. Ou bien de la série Avant, Après, dont les détails qui suggèrent la perte de vertu de la jeune fille – chute arrêtée de la table de toilette annonçant celle imminente de la demoiselle, flèche lancée de Cupidon, chien en érection – sont explicités par un encadré descriptif opportun.
L’art du portrait frontal
W. Hogarth peint des portraits collectifs qui forment des conversation pieces, et des portraits individuels dans lesquels il montre une grande sensibilité envers ses modèles.
Le portrait de George Arnold – riche marchand avec qui Hogarth et le capitaine Thomas Coram créent l’Hôpital pour Enfants Trouvés – est considéré comme l’un des plus réussis de l’artiste, de par son humanité tout en parvenant à montrer l’air déterminé et combatif du sujet représenté.
Le peintre anglais s’intéresse aux gens modestes, ancrés dans la réalité, entreprenants, modernes. Il s’écarte délibéremment des conventions artistiques définies au XVIIè siècle, en particulier par Van Dyck. Hogarth s’inspire au contraire du style direct – pose frontale – et sobre du peintre allemand Godfrey Kneller (1646-1723), célèbre pour ses portraits kitcat – en buste avec une seule main apparente.
Appréciant le monde littéraire et théâtral, W. Hogarth fait le portrait de David Garrick – au côté de sa femme apparaissant en muse -, acteur admiré de Voltaire et spécialiste du drame Shakespearien.
Les trois idéaux de l’esthétique hogarthienne
L’Autoportrait au chien (1745) résume la pensée esthétique de William Hogarth. Liberté d’expression, naturel – symbolisé par le carlin (pug) – et diversité des formes et des sujets sont représentés dans ce tableau, qui fait référence à son traité (cf. inscription sur la palette) The Analysis of Beauty, paru en 1753.
Hogarth souhaite former le goût de la classe moyenne émergente. Dans le contexte du développement économique de l’Angleterre au XVIIIè siècle, le marché de l’art prospère. Mais le peintre observe que le goût de ces nouveaux acheteurs n’est pas formé! Il tente dès lors de « fixer les idées fluctuantes sur le goût » et s’affirme comme l’un des plus grands théoriciens du baroque et du rocaille.
Un art engagé
Homme de Lumière, William Hogarth souhaite rendre l’art accessible à tous. Il fonde les premiers lieux publics d’exposition. Il est par ailleurs à l’origine de la première loi sur la protection des droits d’auteur, judicieusement appelée « Loi Hogarth » (1735).
Sur le plan politique, le peintre s’investit dans la représentation démocratique. L’Angleterre est le seul Etat sous ce régime depuis 1689, les élections étant réservées – tout de même – aux propriétaires terriens, qu’ils soient riches ou non. Bien sûr, tous les moyens sont bons, déjà à l’époque, pour gagner le plus grand nombre de voix… L’artiste démontre dans sa série Elections la faiblesse des électeurs qui se font acheter.
Satirique comme Jonathan Swift, libertaire comme W. Shakespeare, protestant comme John Milton, William Hogarth est un peintre résolument moderne, qu’il serait dommage de laisser dans l’ombre. L’exposition du Louvre, initiée par la Tate Britain, nous donne à voir des chefs d’oeuvre, qui plus est, sont hilarants.
Seule la logique du parcours scénographique m’a semblé intriguante: pourquoi terminer sur la biographie de l’artiste quand on sait que le public français connaît très peu cet excentrique britannique?
j’ai été voir cette exposition avec le lycée au louvre à paris je l’ai toruvée géniale William Hogarth est un grand de l’art il a fait beaucoup de bonne chose, je vous conseille a toute et à otus d’aller la voir si possible!a+
Merci pour ton témoignage!
je deteste Hogarth!
C’est votre droit!
Pourquoi le détestez-vous?
J’aime bien ses oeuvres, sur les quatre étapes de la cruauté!
Peut-on dire que Hogarth s’est inspiré des scène grivoises de la peinture hollandaise du 17e siècle et en particulier de Brouwer et Ostade ?