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Pour tout savoir sur les perles

Perles, une histoire naturelle

Jusqu’au 10 mars 2008 [fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-PERLES–UNE-HISTOIRE-NATURELLE-PERL.htm]

Muséum national d’Histoire naturelle, Jardin des Plantes, Grande Galerie de l’Evolution, 36 rue Geoffroy Saint-Hilaire 75005, 01 40 79 54 79 / 56 01, 8€

Dans la veine de l’exposition phare sur les diamants (2001), le muséum national d’Histoire naturelle (MNHN) propose cette année un sujet sur les perles. Après New-york, Tokyo, Sydney, Abou Dhabi, cette exposition est enfin présentée à Paris. Enrichie d’une section sur les fossiles et axée sur les recherches des experts du MNHN ainsi que sur les créations des joailliers français. Honneur à la France, donc!

Avant même d’entrée dans l’exposition, le visiteur est plongé dans le monde aquatique avec un grand écran projettant les fonds sous-marins. Une plongée qui a pour but de nous faire découvrir, à travers les neuf salles suivantes, le phénomène de biominéralisation (quand le vivant contrôle le minéral), la formation des perles, la structure de la nacre, les différentes formes et couleurs des perles, les divers mollusques perliers marins ou d’eau douce, et bien sûr, l’élégance des créations joaillières contemporaines. Vous l’aurez compris, vous allez tout connaître de ce gemme d’origine minérale, élaborée à partir d’un organisme vivant (sa spécificité), le mollusque à coquille.

La biominéralisation est un phénomène, apparu il y a 540 millions d’années, par lequel un organisme vivant a fabriqué une structure d’abord externe (coquille de mollusques, oeufs des oiseaux, etc.) qui sert à se protéger, puis interne (squellettes des vertébrés) pour devenir le soutien et l’attache des muscles. Ceux-ci permettent la locomotion et la réserve de calcium. La fabrication de la perle par le mollusque constitue en quelque sorte une réaction de défense de ce dernier vis à vis d’un corps étranger.

Comment les perles se forment-elles?
Au temps des Romains, les perles représentaient des larmes pétrifiées des dieux. Chez les Grecs, elles sont des fragments d’éclair tombés dans la mer. Réponse plus scientifique: les perles sont composées de carbonate de calcium et se forment lorsqu’un intrus irritant (un ver parasite, un fragment végétal, une bactérie, etc.) s’introduit par inadvertance entre la paroi interne de la coquille et le « manteau » d’un mollusque (tissu recouvrant les organes de l’huître). Ce corps étranger devient alors le noyau de la future perle, autour duquel le manteau sécrète de la nacre. Cette dernière recouvre l’intrus en formant des couches concentriques successives, qui donneront la forme et l’éclat à la future perle.
Les perles naturelles sont dites « fines », toutes les autres sont communément appelées « perles de culture ».

Les jeunes huîtres sont élevées pendant deux à trois ans, avant d’être greffées. Au bout de 30 à 40 jours, seules 700 sur 1000 huîtres gardent le noyau. Commence alors le processus de formation de la perle. Sur les 700 huîtres, 500 perles seront récoltées (les 200 autres auront été mangées par des prédateurs), dont 50 à 70% seront commercialisables. Mais seule une vingtaine sera qualifiée de parfaite, en fonction de leur taille, peau, lustre (qualité de la surface), orient (netteté du reflet sur la perle), absence de cercle ou de piqûres.

Les mollusques marins, comme les huîtres, les volutes, les strombes géants (ou lambi) et les ormeaux, sont les sources de perles les plus connues. Les perles d’eau douce proviennent principalement des moules perlières, récoltées en Chine et au Japon. Autrefois, en France, la moule perlière (ou mulette perlière) était pêchée dans la Vologne, rivière des Vosges. Elle a alimenté les colliers de la noblesse et de la royauté – telle cette couronne de Charles V, reconstituée dans l’exposition. Mais leur surexploitation les menace d’extinction comme c’est déjà le cas de 75% des espèces.

Les perles sont aujourd’hui cultivées dans le respect de l’environnement. En effet, pour obtenir une belle perle, les huîtres requièrent une eau non polluée et riche en plancton. La dernière ferme perlière a été créée à Jewelmer, aux Philippines. Dans cette région du globe, les perles naissent dans la Pinctada maxima aux lèvres dorées. La même espèce d’huître mais à lèvres d’argent se trouve en Australie. Plus rares sont les perles roses (cf. le livre de David Ferdeman et Hubert Bari), perles naturelles issues du lambi (Iles Bahamas et îlots de Floride). Enfin, les perles dites noires viennent de la Pinctada margaritifera, que l’on trouve en Mer Rouge, dans le golfe persique, et en Polynésie.

Partenaire de l’exposition, Mikimoto a souhaité présenté une pièce phare de sa collection, explique Agnès Iatzoura, chef de projet des expositions au MNHN, devant notre surprise de voir, non pas un bijou (certes, il y en a aussi), mais un globe de luxe ((1990)! La sphère est couverte de 12.541 perles représentant les océans, les continents sont couverts d’or, l’équateur est paré de 377 rubis et l’écliptique de 373 diamants…
Un peu plus loin, sont exposées la plus grosse perle d’eau douce connue au monde, la perle Hope (1800 grains, le grain étant l’unité de mesure des perles fines, soit 0,05 grammes) et la perle du Koweit, la plus grosse perle d’huître (257,41 grains). D’autres splendeurs prêtées par Christie’s sont également dévoilées. Notamment, la bague néo vintage de Mikimoto, sertie de diamants, et un collier de dentelles de perles fines multitocolores, diamants et or gris de Van Cleef & Arpels (2006)…à donner des envies de casse!

Plus sérieusement, je vous recommande de consulter le site Internet de l’exposition qui vous propose une visite virtuelle complète et agréable, avant de vous rendre sur place pour une meilleure appréciation. Traitée de manière pédagogique, cette exposition est claire et précise. On en attendait pas moins pour un musée scientifique!

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