Photographies de Pierre-Elie de Pibrac
Jusqu’au 15 janvier 2024
Musée Guimet, espace de la Rotonde, 6 place d’Iéna, Paris 16e
Le musée Guimet présente le projet photographique Hakanai Sonzai [je me sens moi-même une créature éphémère] de l’artiste Pierre-Elie de Pibrac (né en 1983). Ses portraits, paysages et natures mortes apportent une vision sensible et originale du Japon.
L’artiste a débuté un travail photographique centré sur le social et l’anthropologie depuis 2016 à Cuba, au Japon où il a vécu avec femme et enfants de décembre 2019 à août 2020. Il poursuivra son travail en Israël l’année prochaine.
À travers le biais de personnes marginales – yakuzas, rescapés de Fukushima, hikikomori (personnes coupées du monde, vivant dans une chambre ou se perdant dans une forêt au sol volcanique)-, il dresse un portrait inattendu du Japon.
Ses modèles décident avec lui du contexte de l’image, de la lumière du décor. « Dans un pays où les habitants s’ouvrent peu, il a fallu que je sois particulièrement méthodique et patient pour briser la glace et entrer lentement dans la vie des Japonais dont je voulais raconter l’histoire », commente-t-il.
Parallèlement, des paysages sans trace humaine, en noir et blanc, imprimés sur papier de mûrier fait à la main à Kyoto (série Mono no Aware, 2020) proposent une vision de la nature troublante : l’apparente tranquillité des chutes d’eau, un étang avec d’apaisantes fleurs de lotus, menacent constamment de s’ébranler en raison des séismes et tsunamis.
Ces images inspirées de l’ukiyo-e, art de l’estampe, détonnent avec les 4 grands formats en couleur des photographies qui montrent la fragilité de la condition humaine, et dont chaque oeuvre est commentée par l’artiste grâce à un QR-code à télécharger dans l’exposition. L’homme sur le pont perdu dans une dense forêt symbolise l’histoire d’un père relié à sa fille, qui grâce à l’appareil photo et le carnet d’écriture envoyés par le photographe à cette dernière, a décidé de sortir de son état d’hikikomori pour revenir à la vie.
Ces images nous font découvrir un Japon hors des sentiers battus, avec des paroles de femmes qui se libèrent du carcan social. Les oeuvres révèlent une grande puissance de forme autant que de fond.