Jusqu’au 4 septembre 2017
[fnac:http://www.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Musee—Exposition-113-ORS-D-ASIE-113OR.htm]
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MNAAG – Hôtel d’Heidelbach, 19 avenue d’Iéna, Paris 16e
Suite à la réouverture de l’Hôtel d’Heidelbach, le musée Guimet présente au rez-de-chaussée la collection de céramiques anciennes chinoises, prêtée par l’agro-industriel japonais, Hikonobu Ise.
Ce passionné de civilisation chinoise a acquis des pièces historiques, datées du 5e siècle avant notre ère jusqu’au 19e siècle, de la période Tang à celle des Qing, permettant d’observer l’évolution des arts du feu et des décors en Chine.
La porcelaine à motif bleu et blanc reste en Europe le symbole de la céramique chinoise. Ces décors sont appliqués pour la première fois à la porcelaine au début du 14e siècle sous les Yuan (dynastie mongole) dans les fours impériaux de Jingdezhen (sud de la Chine). Il semblerait que cette technique ait été importée d’Iran où les potiers Kashran maîtrisaient la cuisson de l’oxyde de cobalt. Ce dernier était appelé en Chine « bleu musulman ».
L’exposition rend compte également des autres techniques. Comme en témoigne SophieMakariou (Présidente du MNAAG) : « Cette superbe collection, pour la première fois exposée hors du Japon, vous fera passer des vives teintes des céramiques Tang aux sublimes monochromes des porcelaines Song ; des magistraux bleu et blanc Yuan aux rares délicatesses du règne de Chenghua ; des recherches colorées de la période Ming à l’apothéose de raffinement des doucai de l’époqie Qing ou encore aux ultimes recherches de glaçure ‘poussière de thé dont la couleur rappelle les bronzes anciens' »
Au-delà du plaisir visuel et de l’intérêt historique, Hikonobu Ise exprime sa passion pour ces oeuvres dont certaines sont classées trésors nationaux. Il raconte comment face à une céramique Ming représentant un combat de coqs, il a été « totalement ébloui et presque en état d’ivresse pendant les six mois qui ont suivi » !
La collection reflète l’étroite relation entre la culture l’Empire du Soleil Levant et celui du Milieu. Dès l’époque du shogunat de Kamakura (1185-1333), l’archipel japonais a importé des céramiques chinoises, utilisées pour la cérémonie du thé, propre à la culture japonaise. Après les moines bouddhistes, la consommation de thé gagne la classe guerrière. Cette élite commence au 14e siècle à collectionner des céramiques et des peintures chinoises qui ornaient les salles de réception de leurs demeures. Des arrangements de fleur (ikebana) sont associés aux objets d’art dans le tokonoma (alcôve de la pièce), qui tient un rôle essentiel car il incarne le wafu (l’être, l’essence) du Japon. Lors d’une cérémonie du thé, Hikonobu Ise – lui-même maître de thé – aime allier modernité et tradition en accrochant dans son tokonoma un tableau de Cézanne et une céramique chinoise dans laquelle il place une fleur. Vers la fin de la cérémonie du thé, les invités discuteront de ces diverses formes d’art.
Outre les céramiques dont je ne vous cache pas que mes pièces préférées restent celles à décor bleu et blanc, l’exposition présente de manière inhabituelle les coffrets qui les enveloppent. Face aux risques sismiques, aux incendies qui en découlent, et aux vastes variations thermiques, le Japon est devenu maître en l’art de la protection des oeuvres. Les objets sont ainsi enveloppés dans différentes épaisseurs. L’objet est d’abord placé dans un shifuku (sac en soie chinoise réalisé sur mesure), puis déposé dans une boîte en bois de paulownia – pour sa résistance à la combustion – ou en laque, elle-même recouverte d’un shifuku ou d’un furoshiki (carré de tissu noué). L’art de collectionner apparaît ici comme l’art de préserver.
Enfin, le parcours se termine par la présentation de différentes feuilles de thé japonais (sencha, gyokuro) et chinois (pu-ehr). J’ai regretté que l’on ne puisse pas les sentir !