Jusqu’au 6 juin 2011
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Musée du Louvre, Aile Denon 1er étage, salles Mollien, 75001
Artiste aux dons variés, Pietro Berrettini (1597-1669), dit Pietro da Cortona en référence à sa ville d’origine en Toscane, est reconnu comme l’un des trois grands maîtres du Baroque romain. Au service de trois papes successifs d’Urbain VIII à Alexandre VII, il a transformé l’art de peindre de la Ville éternelle.
Peintre, fresquiste, architecte, auteur de modèles pour la sculpture, l’orfèvrerie ou le mobilier, Pietro da Cortona est si talentueux que sa renommée dépasse les frontières. Louis XIV fait appel à lui pour le palais du Louvre. Et, gage de reconnaissance, son nom est francisé de son vivant en Pierre de Cortone.
Mais un tel succès fait l’objet de convoitises. Tant et si bien que le directeur de l’Académie de France à Rome, Matthieu de La Teulière (1684-1699), accuse le peintre d’être à l’origine de la décadence romaine. Un siècle plus tard, il est décrié par le critique d’art Francesco Milizia (1725-1798) comme l’une des « pestes du goût » (1797) avec Bernin pour la sculpture et Borromini pour l’architecture – les deux autres grands maîtres du baroque romain.
Formé auprès d’Andrea Commodi et Baccio Ciarpi, Pietro da Cortona s’inspire librement dans sa jeunesse de Domenico Cresti (dit il Passignano) et de Lodovico Cardi (dit il Cigoli).
Heureux hasard de la chronologie, au moment où l’artiste acquiert la pleine puissance de ses moyens, est élu le pape toscan Urbain VIII Barberini (1623-1644). Ce dernier lui confie sa première commande religieuse importante: la fresque d’une partie de la nef de l’église Sainte-Bibiane (1624-1626). « En une paroi, il démode toute une tradition toscane incarnée en vis-à-vis par Agostino Ciampelli », commente la commissaire de l’exposition, Bénédicte Gady. « En quelques traits de sanguine, l’étude pour le torse de sainte Bibiane montre le chemin parcouru, sur les traces de la nature, de l’antique et des peintres bolonais. »
Après ce test réussi, les Barberini lui offrent son coup de maître: la décoration du plafond du grand salon de leur palais romain (1632-1639). Cortone y invente un nouvel art de cour; il ose scinder l’immense voûte par une corniche fictive tout en fusionnant l’espace sous un même ciel, d’une luminosité toute vénitienne. L’enthousiasme est immédiat.
Son fils Louis XIV tente sa chance en 1664 pour l’achèvement du palais du Louvre. Cortone envoit au roi cinq dessins dont trois sont conservés au Louvre, au titre des dépôts. Loin de se contenter de fournir des idées pour la façade orientale, il propose une refonte globale du palais, l’unifiant dans une progression hiérarchisée depuis la ville jusqu’aux Tuileries.
En Italie, les chantiers se succèdent: appartement des Planètes au palais Pitti à Florence (1640-1647), Chiesa Nuova à Rome (1647-1665), galerie Pamphili (1651-1654), coupoles du bas-côté droit de Saint-Pierre (1651-1669).