Picasso – L’art en mouvement
Le Douanier Rousseau – Au pays des rêves
Jusqu’au 29 juin 2025
L’Atelier des Lumières, 38 rue Saint-Maur, Paris 11e
L’Atelier des Lumières nous surprend encore par l’ingéniosité de sa scénographie en sons et lumières, mise au service ici de Picasso et du Douanier Rousseau. Un programme d’une heure d’émerveillement et de battements des pieds !

Picasso
Petit épilogue en noir et blanc sur les différentes techniques inventées par l’artiste avant d’enchaîner avec la couleur sur le prélude de l’opéra Carmen de Bizet pour évoquer son Espagne natale et les fameuses scènes de corrida.

Picasso s’installe à Paris en 1904. Boulevards, cafés, nuits parisiennes, vie de bohème, se succèdent jusqu’à la mort brutale de son ami le peintre espagnol Carles Casagemas. C’est le début de sa période mélancolique dite bleue.
Passionné par les arts forains, il entame sa période rose. Par l’intermédiaire de Jean Cocteau, il rencontre Serge de Diaghilev (directeur des ballets russes), pour qui il crée des costumes et décors, tel le rideau de scène Parade (1917).

Changement de rythme avec le bruit des percussions pour inaugurer la scène des Demoiselles d’Avignon (1907) et des autres oeuvres inspirées des arts extra-européens. C’est le début du cubisme.
Séquence géniale avec une mise en scène de fenêtres qui s’ouvrent sur les oeuvres de Picasso des années 1930 à 1970.

Puis la mer surgit comme si elle éclaboussait les murs de l’Atelier des Lumières pour évoquer sa fin de carrière sur la Côte d’Azur. Ses baigneurs massifs et Deux Femmes courant sur la plage (1921) offrent une transition avec ses oeuvres sculptées, assemblées de bric et de broc, et ses céramiques.

Les nombreux portraits de femmes, les guerres (Guernica, 1937 ; Massacre en Corée, 1951 ; La Guerre et la Paix, 1952), terminent avec brio cette première partie de programme et offrent une nouvelle manière de voir l’oeuvre de Picasso. Dernière astuce géniale : les oeuvres du maître réduites en petits carrés qui se rassemblent pour former son nom sur l’écran.
Le Douanier Rousseau
Artiste autodidacte, Le Douanier – surnom lié à son métier alimentaire à l’Octroi de Paris – Rousseau n’a jamais quitté la France. Pourtant, avec ses peintures de style naïf, aux couleurs chaudes et exubérantes qui ouvriront la voie à la modernité, il nous entraîne dans un univers imaginaire qu’il développe à partir des serres et de la Ménagerie du Jardin des Plantes. L’introduction se fait sur le morceau Daydream du groupe Wallace Collection.

Après la jungle luxuriante et ses personnages mystérieux apparaissent les faubourgs parisiens en pleine industrialisation. Les fêtes républicaines, les loisirs (Les joueurs de football, 1908), l’avènement de l’aviation et de la montgolfière apportent une tonalité joyeuse à cette modernité parisienne.
Changement de décor avec un paquebot qui brave la tempête (Le Navire dans la tempête, 1899) sur la musique Moon fever du groupe Air. Puis ambiance dramatique pour l’unique tableau tragique d’Henri Rousseau – La Guerre (1894) – qui représente un champ de bataille recouvert de cadavres, surmontés de corbeaux, avec à l’arrière plan des arbres brûlés.

Les terres arides illuminées par la lune laissent apercevoir le corps d’une femme endormie sur le sable, approchée par un lion (La Bohémienne endormie, 1897).

Les flamants roses au bord d’un plan d’eau orné de palmiers et de fleurs exotiques font la transition avec la jungle onirique et mystérieuse, peuplée de félins, oiseaux, serpents et quelques figures humaines. La Charmeuse de serpents (1907) rôde tandis qu’Eve trône sur un divan Louis-Philippe au milieu de cette végétation luxuriante (Le Rêve, 1910), qui synthétise les influences orientalistes d’Ingres et Gérôme à la perfection des couleurs de Delacroix.

Le visiteur sort de ce rêve éveillé, aussi surpris que le tigre (Surpris !, 1891), sur Luminary du violoniste Joel Sunny.
Un programme brillamment orchestré par Virginie Martin ; un nom à retenir !