L’art des Philippines présente une statuaire qui n’a rien de commun avec les arts primitifs africains et océaniens, auxquels je suis habituée au musée du quai Branly…
Cette esthétique inédite s’explique par le fait que les Philippines forment un archipel composé de 7.000 îles où plus de 80 langues sont encore parlées aujourd’hui. Il est au coeur d’un réseau commercial qui dès le Xe siècle voit passer des marchands arabes, indiens, indonésiens et chinois. Ceux-ci échangent des produits manufacturés tout en participant à la diffusion de motifs iconographiques, des techniques de forge et de tissage qui s’agrègent à l’histoire ancienne des populations locales.
« Les cornalines indiennes, les agates, les perles de verre chinoises ou vénitiennes traversent aussi les mers pour devenir les talismans des montagnards, parer les corps et les chevelures. L’objet d’exportation devient un patrimoine inaliénable », commentent les commissaires de l’exposition Constance de Monbrison et Corazon Alvina.
L’exposition présente les sculptures des Hautes Terres de Luçon. En particulier des représentations des divinités du riz (bulul), des objets rituels utilisés par les mumbaki et ceux de la vie quotidienne qui reflètent l’âme de ces peuples de la cordillère, demeurés en marge des contacts avec l’Occident jusqu’à la colonisation américaine de la fin du XIXe siècle.
A l’inverse des montagnes, les côtes et les archipels du sud des Philippines ont développé des sultanats musulmans qui reprennent l’iconographie islamique : ramures, boutons de fleur, arabesques, arbre de vie (magnifique tenture tabil).
Une section présente les costumes, en particulier, ceux des Gaddang, ornés d’une multitude de perles de verre, de boutons de nacre et de coquillages.
Les dernières parties de l’exposition présentent de manière originale une constellation de bijoux en or et, moins glamour, les urnes funéraires!
Des oeuvres rares et raffinées, dont la plupart proviennent de collectionneurs privés. A découvrir.