Une exposition photographique de Pierre de Vallombreuse
Jusqu’au 18 juillet 2018
Musée de l’Homme, Foyer de l’Auditorium Jean Rouch (1er étage), Place du Trocadéro, Paris 16e, Entrée libre
Photographe réputé du noir et blanc, Pierre de Vallombreuse nous fait découvrir l’ethnie Palawan, au sud-ouest des Philippines, dont il a partagé le quotidien durant quatre ans. Une vie retirée, mais plus pour très longtemps…
Au cours de dix-huit voyages, Pierre de Vallombreuse a suivi ce peuple autochtone, menacé par l’incursion progressive de la modernité. Les grandes compagnies industrielles ne sont pas les celles à convoiter leur majestueuse vallée de Singnapan, couverte de jungle primaire et de champs de rizière traversés par des torrents.
Des falaises calcaires entourent ce royaume protégé et servent d’abri aux Taw Batu ou « Homme des Rochers » – quelques 150 chasseurs-cueilleurs appartenant à l’ethnie Palawan.
En 1990, une route est percée, permettant à des milliers de Philippins de prendre possession des terres des Palawan pour une modique somme, ces derniers ne connaissant pas la véritable valeur du sol.
Par la suite, des missionnaires protestants qui souhaitent « délivrer les Hommes des Rochers des mains du diable » arrivent par cette route. Ils convertissent un jeune homme, Lumiai, en pasteur. La Vallée se divise entre les convertis et les animistes.
Depuis les touristes – pour l’instant, une vingtaine par an – contribuent à faire découvrir la modernité aux autochtones. « Des enceintes portables diffusent de la techno dans la jungle, des séries B sont visionnées sur des lecteurs de DVD chinois importés à bas prix et rechargés grâce à des panneaux solaires. Les terres agricoles sont vendues pour la culture de l’huile de palme. Depuis 2016, un spéculateur rôde pour faire signer aux Taw Batu des papiers qu’ils ne comprennent pas, afin de commercialiser la culture du cacao dans la vallée. Des missionnaires américains veulent construire un immense bâtiment – un multipurpose center (centre de prière, lieu de meeting, guest house, centre de soins). Enfin, la guérilla communiste New People Army s’est implantée dans la montagne et des coups de feu perturbent la quiétude de la vallée », raconte, dépité, Pierre de Vallombreuse.
Ce qui m’a frappé le plus dans ses grands formats en noir et blanc, c’est le rapport entre l’immensité de la nature et la petitesse de l’homme. Souvent, le jeune homme suspendu à un arbre, la jeune fille accroupie sur un rocher, le jeune couple partant chasser ensemble, sont difficiles à discerner ; c’est presque comme le jeu « cherche-et-trouve » pour les enfants ! Malheureusement, son travail n’est pas là pour faire rire. Le photographe veut nous alerter sur leur combat : celui d’un peuple en lutte pour son mode de vie séculaire et sa propre survie. Mais que pouvons-nous faire depuis chez nous ? A part boycotter l’huile de palme…