Jusqu’au 23 février 2008
Galerie Polaris, 15 rue des Arquebusiers 75003, 01 42 72 21 27
La Galerie Polaris présente l’oeuvre de l’artiste belge Patrick Guns (né en 1962) sur un sujet étonnant: les derniers repas des condamnés à mort, cuisinés par de grands Chefs et immortalisés sur une photo, qui se veut humaniste. Véritablement troublant.
Patrick Guns abandonne son médium fétiche – la vidéo – pour recourir à la photographie et capturer une image inhabituelle. Alors que l’état américain du New Jersey vient d’abolir la peine de mort, My last meals entend rendre hommage aux prisonniers du « couloir de la mort ».
L’idée est venue à l’artiste après avoir découvert, sur le site du département de la justice texane, une liste des derniers repas désirés par les condamnés avant leur exécution. P. Guns demande alors à des Chefs de grande renommée de réaliser ces repas une nouvelle fois. L’oeuvre se compose de deux parties: à gauche figure le menu écrit en gros et gras tandis qu’à droite le chef pose, tout sourire, à côté du plat préparé.
« Le choix du menu du condamné est une image, celle de son dernier message, de sa dernière trace. Une image qui se situe du côté de la vie et du goût. […] Il me semble que seul un artiste du palais peut interpréter ce choix, célébrer les agencements et les compositions chromatiques à travers sa présentation, et ses couleurs, dans une apologie de la Vie face à la mort décidée », commente l’artiste.
Des paroles certes partinentes, et ce travail a indéniablement le mérite d’évoquer le sort des condamnés à mort américains, alors que chez nous la polémique n’a plus lieu d’exister. Mais loin de ressentir l’aspect positif de l’oeuvre, le public se sent étrangement mal car il est en position de voyeur. Il ne peut s’empêcher de comparer ce que les uns et les autres ont commandé comme repas. En poussant le cynisme un peu plus loin, on relève même que certains optent pour la version light du coca, alors que leur mort imminente pourrait laisser penser qu’un peu plus de sucre ou de moins… On repart avec un goût amer dans la bouche.
Je partage bien cet éclairage pertinent sur cet échec de civilisation qu’est la peine de mort ou l’emprisonnement à vie.
Cette vision décalée d’un artiste met utilement l’accent sur cet « héritage barbare » entretenue par la bonne conscience de certaines démocraties. La polémique est ouverte…
Quant au sujet, je reste assez pantois. N’est-il pas le symbole d’un grand matérialisme, d’une société où la bouffe prend une place de plus en plus importante, souligné par les obèses très nombreux outre-Atlantique ?
Ces oeuvres m’évoquent d’autres créations comme ces poubelles de « people » érigées en oeuvres d’art.
Pouvons-nous résumer les derniers instants à un repas ? N’élude-t-il pas toutes les questions méta-physiques, spirituelles, les dernières angoisses auxquelles est encore un instant confronté le condamné ?
Merci pour l’info. Bertrand
Merci pour ce commentaire constructif et intéressant !
C’est très étrange car j’ai déjà vu un travail similaire il y a plusieurs années mais à Lyon, à la BF15. Et l’artiste n’était pas Guns mais Kate Ross. Elle organisait un repas autour de ça… c’était sous la forme d’une performance. Un tirage au sort mettait les « heureux » gagnants à la place d’un des condamnés à mort. Il se retrouvait plusieurs jours après le tirage à participer devant un publique au dernier repas d’un vrai condamné à mort… Mais je crois que c’est encore elle qui en parle le mieux….
à voir….
Salut rosa,
je suis intéressé par ton commentaire.
Pourrais tu m’en dire plus?
Merci
thomas