Jusqu’au 4 juin 2007
Musée Maillol, 61 rue de Grenelle 75007, 01 42 22 59 58, 8€
Le musée Maillol sort des sentiers battus en présentant l’oeuvre érotique de Julius Pincas, dit Pascin (1885-1930), artiste bulgare, membre de l’Ecole de Paris, avant d’être approprié par les Américains.
Cent quatre vingt oeuvres – dessins, peintures, sculptures, et gravures, illustrent les différentes techniques d’un maître pluridisciplinaire.
Elève de Toulouse-Lautrec – les deux se retrouvent dans la vigueur de leurs traits et la férocité de leurs caricatures -, Pascin est influencé dans sa jeunesse par le mouvement expressionniste, né en Autriche et en Allemagne.
Il étudie en effet le dessin à Vienne, Munich et Berlin, avant d’arriver le soir de Noël 1905 à Paris.
Le jeune bulgare s’installe rue Delambre (XIVè arrondissement). Il fréquente le marchand Bing et les artistes munichois émigrés qui composent le groupe des « Dômiers » – en référence au célèbre café-restaurant Le Dôme, où ils aiment se retrouver.
Pascin rencontre Hermine David, qu’il épousera en 1920 et dont il réalisera de
nombreux portraits, comme l’atteste la plupart des tableaux féminins présentés dans cette exposition d’envergure.
Après les académies de peinture de Montparnasse, Pascin s’entiche de celles de Montmartre et prend un atelier impasse Girardon (XVIIIè arrondissement). L’artiste présente des oeuvres à Berthe Weill, parfois tellement équivoques qu’elles sont reléguées dans les coins sombres de la galerie (IXè arrondissement)!
En 1911, il rencontre sa deuxième muse – Lucy Vidil.
La guerre interrompt sa carrière européenne – Pascin expose régulièrement en Allemagne (Cologne, Berlin), au Salon d’Automne à Paris jusqu’en 1912, à Bruxelles et Londres, d’où il embarque pour se réfugier à New York.
Outre-Atlantique, il se lie avec Alfred Stieglitz, directeur de la galerie 231 et ami de Marcel Duchamp. C’est lui qui incitera les deux artistes émigrés à se faire naturaliser pour dorer le blason de l’art américain.
Sur le Nouveau Continent, Pascin voyage toujours autant, passant ses étés dans les Etats du Sud (Caroline, Nouvelle-Orléans, Texas, Floride) et fait même l’affront aux Américains de visiter Cuba. Les toiles qui en résultent font preuve d’une vision champêtre et primitive des villageois cubains et antillais.
Mais Pascin revient à ses premiers amours. Sur un plan géographique – il retrouve Paris, où il s’installe rue Caulaincourt (XVIIIè arrondissement) et prend un atelier au 36, boulevard de Clichy -, et humain – il entame une nouvelle liaison orageuse avec Lucy, désormais mariée à l’artiste norvégien Per Lasson Krohg (1889-1965).
Déchiré entre ses deux amours, Pascin ne cesse de représenter le corps de prostituées, de jeunes filles perdues, de vieillards libidineux. Il « s’emploie sa vie durant à décrire, ironiser, encenser, magnifier, ou conspuer les grands ressorts de la sexualité, plaçant ce sujet au centre de son oeuvre », commente le commissaire de l’exposition, Bertrand Lorquin.
En mars 1930, le prince reconnu de Montparnasse et de Montmartre rencontre un faible succès lors de son exposition à la galerie Knoedler, à New York. Le 2 juin de la même année, Pascin se suicide dans son atelier de Clichy. L’artiste est enterré au cimetière de Montmartre.
La galerie Georges Petit qui avait prévu la présentation de ses dernières oeuvres décide de maintenir son programme et connaît un grand succès…