16-19 novembre 2006
Carrousel du Louvre, 99 rue de Rivoli 75001
Le salon international de la photographie Paris Photo célèbre ses 10 ans. Et ça se voit, comme l’atteste l’indéniable qualité des photographies présentées par 500 artistes via 106 galeries et éditeurs, réunis au Carrousel du Louvre.
Tous les styles/techniques sont présents: photographie documentaire, plasticienne, de mode, photo-reportage. Tous les genres aussi: photographie ancienne (1839-1914), moderne & vintage (1917-70), contemporaine.
Cette année, le thème du salon évoque la page imprimée – lorsque la photographie était uniquement reproduite dans les livres et les magazines. Aujourd’hui ce sont les galeries et les musées qui assurent la visibilité de ce medium. Un retour aux sources, donc.
Le « miracle nordique »
Une expression liée au renouvellement que les artistes de ces pays –
Danemark (2 galeries), Finlande (2), Suède (2), Norvège et Islande (une représentation unique) – ont su apporter pour regénérer l’art de la photographie contemporaine.
Chaque galerie présente un artiste contemporain représentatif de son pays d’origine.
Ainsi, Anneè Olofsson (née en 1966, à Hässleholm, vit et travaille à Stockholm) est représentée par la galerie Mia Sundberg (Stockholm; K4). L’artiste est à la fois sujet et modèle de son travail. Dans Island Life, The Mothers, série The Conversations (2006), elle se représente de dos, l’oreille gauche pressée contre un mur recouvert d’un lourd papier fleuri, écoutant une conversation de l’autre côté du mur, laquelle peut être entendue par le spectateur en pressant son oreille contre une image. On peut alors entendre un mélange de dialogues et de bruits évoquant la nature, qui envahit la pièce. D’où une mise en image ironique de l’enfermement.
La galerie Taik (D11), représentative de l’Ecole d’Helsinki, expose notamment Anni Leppälä et Ola Kolehmainen – des artistes qui se distinguent par leur approche critique, leur dialogue permanent entre théorie et pratique, plutôt que par un style, des techniques ou des thèmes particuliers.
i8 (Reykjavik; L5) présente un projet d’Hrafnkell Sigurdsson (né en 1963 à Reykjavik, où il vit et travaille) dans lequel l’artiste suit le cheminent des ordures ménagères, des poubelles du consommateur jusqu’au site où elles seront compressées et enterrées – moment ironiquement appelé « quand la culture rencontre la nature »… Un tryptique qui entend critiquer l’acte de consommation et l’idée romantique que nous nous faisons de la nature.
Sélection d’autres stands à ne pas manquer
La galerie Robert Hershkowitz (Sussex; E4) présente la plus ancienne vue de Paris avec Scène de Paris, prise en 1843 par William Henry Fox Talbot (1800-77), l’inventeur du Calotype (1840) – procédé à l’origine de la photographie moderne qui s’imposa face au daguerréotype français (1839).
Michael Hoppen (Londres; C8) (ose) sort(ir) l’unique exemplaire vintage de la Rue Mouffetard (1954) d’Henri Cartier-Bresson, qui représente un jeune garçon portant deux bouteilles de vin. Une photographie rare en raison de son unicié, mais également de par sa dédicace à l’emblème photographique du magazine américain Life, Slim Aaaron (1916-2006). Last but not least, ce cliché n’avait encore jamais été montré au public. La totale donc!
Sans oublier les photographies de Desiree Dolron, exposée actuellement à l’Institut Néerlandais.
La galerie 1900-2000 (Paris; B13) offre des exemplaires vintage des plus grands: Man Ray (1890-1976), Hans Bellmer (1902-75), Germaine Krull (1897-1985) et Dora Maar (1907-97). Images surréalistes oblige.
Ainsi qu’un ensemble de vintages de Robert Doisneau issus de la série Les Parisiens tels qu’ils sont. No comment!
La première apparition sur le salon de la galerie Alain Le Gaillard (Paris; C2) se marque par l’exposition de Touhami Ennadre (Casablanca, 1953), qui se définit comme un « peintre dans le noir ». Formats imposants, noirceur ténébreuse – celle de la condition humaine.
Esther Woerdehoff (Paris; A12) présente Mario A. The World is beautiful – une série réalisée au Japon. Entre rêve de poupée Barbie et réalité du cloisonnement urbain moderne.
Pour la première fois, une galerie chinoise, 798 Photo Gallery (Beijing; F9), intègre le salon, avec des photographies sur la Révolution culturelle.
Vintage Gallery (Budapest; D12) présente la période de l’entre-deux guerres (1919-39). Photographies d’Ernö Berda (1914-61) sans caméra grâce à une technique mise au point par Làszlo Moholy-Nagy au sein du Bauhaus, vues nocturnes d’Imre Kinski (1901-45), et photo-montages de Marta Aczél (1909-97), influencés par le constructivisme allemand et russe.
Les galeries new-yorkaises Robert Miller (B10) et Laurence Miller (A8) présentent de rares vintages de Diane Arbus (1923-71) – figure iconique de l’école de la rue américaine des années 1960.
Enfin, coup de coeur spécial pour la galerie M+B (Los Angeles; C1) dont il s’agit de la première participation, avec les portraits africains (Kenya, Somalie) de Jehad Nga. Pure extase.