Jusqu’au 6 juillet 2013
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Hôtel de Ville, Paris IV, Entrée libre
La haute couture parisienne reste l’un des rares domaines où l’on ressent une fierté à être Français! Comme le révèle l’exposition organisée par le Musée Galliera (en travaux jusqu’en septembre 2013) à l’Hôtel de Ville.
L’exposition « Paris Haute Couture » rassemble une centaine de créations retraçant 150 ans d’histoire de la mode. Olivier Saillard, directeur du musée Galliera depuis 2010 et historien de mode reconnu, en est le commissaire d’exposition.
Charles Frederick Worth est considéré comme le premier grand couturier. En 1858, il ouvre une « maison spéciale de confection », au 7 rue de la Paix. Cette rue va devenir l’emblème de la haute couture. Les grands-parents de Jacques Doucet ouvre leur boutique de lingerie de luxe au numéro 17 ; Paquin au n°3 (1891) ; Boué Soeurs au n°9 (1899). Paul Poiret baptisera la rue de la Paix la « voix sacrée ». Elle bénéficie de la clientèle cosmopolite et fortunée des grands hôtels avoisinants.
L’épicentre de la haute couture se déplace à partir des années 1910 vers les Champs-Elysées, où les élégantes aiment déambuler pour être vues. Madeleine Vionnet quitte la rue de Rivoli pour le 50 avenue Montaigne (1922), les soeurs Boué y émigrent en 1928. Dior s’y établit en 1946. Givenchy ouvre avenue George-V (1959), Yves Saint Laurent choisit l’avenue Marceau (1974). Pierre Cardin s’établit rue du Faubourg Saint-Honoré (1952), tout comme Christian Lacroix (1987).
Seule Chanel reste fidèle à la rue Cambon où elle s’est installée depuis 1910. Sa rivale Elsa Schiaparelli, « L’Italienne qui fait des robes », comme la snobe Coco Chanel, choisit la place Vendôme en 1927.
Aujourd’hui, les créateurs de mode se déplacent vers l’est parisien. Autour du Palais Royal et du Marais (Azzedine Alaïa ouvre rue du Parc-Royal en 1985). Et plus loin encore, dans le Xe arrondissement rue Saint-Martin (J.P. Gaultier), rue Saint-Maur (Martin Margiela), rue de Cléry (Bouchra Jarra) et boulevard Bonne-Nouvelle (Anne Valérie Hash).
Une vingtaine de maisons travaillent encore dans la haute couture à Paris. Les dernières entrées dans ce cercle très fermé sont Martin Margiela et Alexis Mabille (2012). Une douzaine d’entre-elles forment la Chambre syndicale de la haute couture et répondent à un ensemble de critères, parmi lesquels le travail réalisé à la main, l’unicité des pièces-sur-mesure, le nombre de modèles (il est passé de la centaine de modèles dans les années 1930 à vingt-cinq par saison pour les jeunes couturiers contemporains), la participation aux deux défilés annuels (janvier et juillet), l’utilisation d’une certaine quantité de tissu. Au total, ce sont sept mille six cent entreprises parisiennes qui travaillent pour la mode.
Une exposition pas aussi époustouflante que peuvent l’être celles du musée Galliera (on attend avec impatience sa réouverture avec la rétrospective Alaïa) ou du musée des Arts décoratifs. Mais quelques pièces retiennent l’attention comme la robe du soir Christian Dior à oeillets noir (collection A/H 1953). Le plus : le décryptage de l’ensemble des métiers qui participent à la confection d’une robe haute couture comme les brodeurs, plumassiers, plisseurs et paruriers floraux. On apprend ainsi que certaines robes peuvent comporter jusqu’à 6.000 euros de fleurs!
En complément, n’hésitez pas à parcourir le catalogue de l’exposition, édité par Skira Flammarion, qui explique comment les maisons de couture parisienne ont engendré l’idée d’exception et d’excellence artistique. Une version luxe de l’ouvrage offre des portfolios photographiques sur un papier mince opaque relié à la japonaise. Une manière de rendre hommage à la splendeur des robes des grands couturiers.