Les collections ont leur bande-son
Exposition permanente
Musée du quai Branly-Jacques Chirac, Paris 7e
Le musée du quai Branly – Jacques Chirac inaugure un parcours sonore pour accompagner les oeuvres du plateau des Collections. Cent vingt-quatre haut-parleurs et une trentaine de zones d’écoute permettent d’appréhender d’une manière originale les objets issus des cinq continents.
Quatre ans de travail collectif ont été nécessaires pour mettre en lumière ou plutôt en son les collections permanentes du musée et faire découvrir ce patrimoine immatériel. Thématique justement des Journées Européennes du Patrimoine 2024.
Éric de Visscher (spécialiste du patrimoine et de la création sonore), assisté de Thomas Tilly (compositeur, chercheur et field recordist) et d’une équipe de designers sonores (Luc Martinez, Simon Cacheux, Julia Griner) ont pensé ce parcours selon deux niveaux : des points d’écoute localisés en lien direct avec les objets présentés dans les vitrines, et un paysage sonore plus diffus dont le son peut renvoyer à une région et à son environnement (forêt, rivière, ville, etc.).
« On regarde un objet différemment lorsque l’on a du son », explique Éric de Visscher. « On s’arrête, on prend le temps d’observer ». Au lieu de filer devant la vitrine suivante ! « Par ailleurs, nous avons choisi le sytème des hauts parleurs pour forger une expérience collective et non individuelle comme avec les casques audio », précise-t-il.
Les designers sonores ont eu pour travail de mixer l’ensemble des sons (chantés, parlés, récités, psalmodiés, d’ambiance), collectés à travers le monde. La bande-son se déclenche au passage du visiteur. Elle n’est pas diffusée en boucle mais selon un mode aléatoire pour éviter le côté répétitif.
L’expérience débute dès la rampe d’accès au plateau des Collections. Les mots de toutes les langues qui s’écrivent au sol – une oeuvre de Charles Sandison (The River, 2010) – sont maintenant accompagnés de sons.
Dans la section des Amériques, on écoute la prière d’un chamane devant une statue ancestrale. Plus loin, le son d’instruments de musique préhispaniques est diffusé devant une vitrine comprenant des ocarinas, chinchas, vases siffleurs, conques, flûtes de pan…
Du côté de l’Afrique, on entend le bruit de dromadaires devant un palanquin pour femmes qui voyagent dans le désert de Syrie. Puis vient le « chant des dunes » lié au frottement des grains de sable qui entrent en résonance lors d’un glissement de terrain. Au Magreb, ce sont les voix des femmes, des oiseaux et d’un oud (sorte de luth), qui sont diffusés dans une vitrine qui fait allusion à un patio, à la fois tourné vers l’intérieur et l’extérieur.
Au Japon, un conte de samouraï médiéval est récité tandis qu’en Australie du Nord, on entend et on sent les vibrations d’un didgeridoo.
C’est une belle occasion de redécouvrir les collections permanentes du musée quand on a l’habitude de venir seulement pour les expositions temporaires ! Néanmoins, il va falloir que les techniciens opèrent quelques variations de volume car le son se fait souvent trop discret.
En parallèle à cette inauguration, carte blanche est donnée au Balcon, C’est toi qui donnes le son, une création Augustin Muller pour neuf musiciens. L’oeuvre oscille entre musique écrite, influencée par les archives sonores du musée, et la diffusion d’une musique électronique. À découvrir les 28 septembre, 4, 5, 11, 12 octobre à 20h dans la Mezzanine Marc Ladreit de Lacharrière. Plus d’informations sur le site du musée.