Angle de l’avenue Daumesnil et de la Route de Ceinture du lac Daumesnil, Paris XII
Grand événement attendu, la réouverture du parc zoologique de Paris, aux abords du Bois de Vincennes (Paris XII), ne déçoit pas. Mieux, même, nous enchante!
Après trois ans de rénovation complète, pour un montant total de 167 millions d’euros (30 millions par l’Etat, 10 millions par le Muséum national d’Histoire naturelle et le reste par un partenariat public-privé), le nouveau zoo offre un visage complètement modernisé, adapté au bien-être animalier et invite les visiteurs au voyage. Seul le grand rocher, rénové en 1990, n’a subi aucune transformation.
C’est le premier et unique zoo au monde a être bâti sur un nouveau concept : concevoir le zoo non plus comme une simple attraction mais comme un lieu d’échanges de connaissances scientifiques et de recherches (lutte contre les maladies infectieuses, épidémiologie, reproduction assistée, nutrition), de conservation d’espèces menacées et d’apprentissage de la biodiversité.
La conception paysagère a été réalisée par l’Atelier Jacqueline Osty et Associés tandis que les nouveaux bâtiments sont de Bernard Tschumi, exposé actuellement au Centre Pompidou.
Le parcours se découpe en bio-zones, représentant cinq régions du monde : la Patagonie ( otaries, manchots, guanacos, pumas, pudus, nandous), la plaine Sahel-Soudan (zèbres, rhinocéros, lions, autruches, oryx, koudous, girafes, babouins, grande volière), l’Europe (vautours, loups d’Espagne, gloutons, lynx, loutre, vivarium sous le Grand Rocher), la Guyane (singes, jaguar, caïmans, lamantins, tapirs) et Madagascar (île aux lémuriens, tortues, oiseaux en vol libre). Soit 180 espèces différentes et un millier d’animaux.
Le sol, initialement plat, a été modelé pour correspondre à la topographie de chaque zone géographique représentée. Tous les espaces animaliers ont été végétalisés, avec comme contrainte de conserver près de 800 arbres existant (platanes, pins). Seul l’enclos des babouins est entièrement minéral et doté de cinquante troncs d’arbres secs et de cordages. La végétation tropicale de la grande serre (plus de 3800 végétaux) a nécessité des moyens d’envergure : les plantes exotiques ont été sélectionnées en Floride, acclimatées en Hollande et acheminées par une vingtaine de semi-remorques. Le Cecropia peltata, 12 mètres de haut, a requis un camion à lui seul!
Il a fallu trois ans pour vider le zoo, de six mois à un an pour le repeupler et il faudra encore beaucoup de temps pour que les animaux s’acclimatent. Ainsi du jaguar Aramis, venu du zoo de Varsovie et accueilli temporairement à la Ménagerie du Jardin des Plantes, reste invisible, « terré derrière de gros rochers », avoue Fanny Decobert, directrice de la communication.
A l’inverse du troupeau de seize girafes, qui elles, n’ayant pu être déplacées – c’est un des plus grands d’Europe -, sont restées sur place à surveiller les travaux! Elles en ont profité pour se reproduire (trois naissances au cours des quatre dernières années). Le plus grand des girafons mesurait deux mètres à sa naissance. Les girafes ne sortant que par au moins 12° de température, elles bénéficient d’une loge d’une hauteur de sept mètres, accessible pour le public grâce à une coursive perchée à une hauteur de trois mètres.
La sélection animale n’est pas figée à l’ouverture du zoo, elle est appelée à évoluer. Tous les animaux déplacés durant les travaux ne reviendront pas. Les nouveaux venus comme l’incroyable et méconnu Lamantin (600kg!), proviennent d’autres zoos membres de l’EAZA (European Association of Zoos and Aquaria). Leur sélection respecte les critères de conservation de l’UICIN (Union Internationale pour la Conservation de la Nature), précise Thomas Grenon, Directeur général du MNHN. Qui n’a pas voulu commenter la question (posée par un journaliste africain) de savoir si « telle était bien la place de ces animaux ».
Alors que je suis allergique à la notion d’enfermement, j’ai vraiment apprécié ma visite! C’est sûr que ce n’est pas la même chose que de voir les animaux dans la nature mais on a n’a pas la chance de faire un safari tous les jours! Plus sérieusement, on peut avancer que le bien-être des animaux semble au mieux respecté.
Les points positifs :
* On observe les animaux par de larges baies vitrées, directement à travers la flore dans la serre, ou en descendant des marches afin de voir à la fois ce qui passe à la surface du bassin et en dessous.
* Le parcours est diversifié, tant au niveau des espèces que de la végétation. Les cartels sont particulièrement bien étudiés pour apprendre autant aux enfants qu’aux adultes.
* Un autre point m’a paru intéressant : la cohabitation des espèces. Afin de reproduire ce qui se passe dans la nature.
Les points critiques :
* Le lion, esseulé, m’a semblé d’une infinie tristesse. Mais l’arrivée prochaine de trois femelles devrait le tenir occupé!
* Je me demande si des études ont été faites sur les conséquences psychiques et comportementales des animaux à force d’être observé par des milliers de paires de yeux à longueur de journée…
Je vous conseillerais de patienter le temps que tout se mette bien en place. Des visites commentées vont permettre de découvrir les cuisines, la clinique vétérinaire. Des expositions temporaires auront lieu. Le coût d’entrée est de 22€ par adulte (14€ de 3 à 11 ans, 16,50€ de 12 à 25 ans). Mais vous aurez largement votre dose d’émerveillement, prélude à toute connaissance!