Jusqu’au 21 avril 2017
Pour acheter le livre des photographes :
Entrée libre sur réservation obligatoire
Université Paris II Panthéon – Assas, 92 rue d’Assas, Paris 6e
L’Université Paris II Panthéon – Assas s’est associé aux Rencontres d’Arles – rendez-vous annuel majeur de la photographie – pour importer dans la capitale une exposition en lien avec un grand thème sociétal. Cette année, le Centre Assas accueille le documentaire réalisé par Paolo Woods et Gabriele Galimberti sur les paradis fiscaux.
Paolo Woods (né en 1970 aux Pays-Bas, vit en Italie) et Gabriele Galimberti (né en 1977 en Italie où il vit) ont voyagé pendant plus de deux ans du Delaware à Jersey, des Iles Vierges Britanniques à la City de Londres. Ils sont allés découvrir les réalités qui se cachent dans ces centres offshore, qui agissent en toute légalité bien qu’ils soient synonymes d’évasion fiscale ! Les paradis fiscaux ne sont pas un mirage exotique mais un instrument structurel de l’économie mondialiste, défendu fermement par ceux qui oeuvrent à leur développement.
Pour aller au bout de leur sujet, les deux artistes ont eux-mêmes créé une entreprise dans le Deleware – en 20 minutes ! – dénommée The Heavens et dont le siège social se situe dans le même bâtiment qu’Apple, The Bank of America, Coca-Cola, Wal-Mart, et 285.000 autres sociétés.
Dans une scénographie bien pensée, on découvre les images clichés des paradis fiscaux – plages bordées de cocotiers, mer turquoise, yacht -. Lorsqu’au tournant d’un mur, on est projeté dans la réalité de ceux qui vivent sur ces territoires (en particulier Singapour, Hong-Kong, îles Caïmans, Panama) : prostitution, logements de 5m2, porteurs en tongs sur le green de Luanda, Angola, où deux-tiers de la population vit avec moins de $2 par jour…
Les images sont tout aussi frustrantes (de savoir que l’on vit dans un tel monde) que les citations de ceux qui défendent ce système. Parmi lesquelles quelques perles : « Only the little people pay taxes » (Leona Helmsley, businesswoman, 1989). « There’s a class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning » (Warren Buffett, world’s second richest man). « When it comes to money laundering, we offer the full service : rinse, wash, and dry » (Miguel Antonio Bernal, Panamanian lawyer, 2015). Au moins, ce dernier fait preuve d’humour et non d’arrogance, face à ce sujet qui fait froid dans le dos. Une très bonne initiative de faire partager une exposition d’Arles au public parisien.