Jusqu’au 16 janvier 2022
Galerie des Gobelins, 42 avenue des Gobelins, Paris 13e
Pour célébrer le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, la Galerie des Gobelins recrée les décors des palais des Tuileries, de Saint-Cloud et de Meudon – brûlés pendant la commune (1870/71) – en sortant des réserves bronzes dorés, tapisseries, soieries et meubles. Magnifique !
Si l’on peut découvrir des décors créés sous l’Empire dans certaines salles des châteaux de Fontainebleau et de Compiègne, les aléas de l’histoire ont fait disparaître celles des trois autres palais impériaux. Heureusement, le Mobilier national conserve dans ses réserves des pièces d’art somptueuses issus de la période Empire. De fait, Napoléon a favorisé et dynamisé l’artisanat français du meuble et du textile dans le but de rassembler les élites françaises autour de son nouveau régime et d’imposer le style Grand Empire au reste de l’Europe.
Le parcours débute par une restitution en 3D des palais en flammes, des photographies d’époque et le buste calciné de Napoléon.
Après la bataille de Marengo (1800), Napoléon s’installe précipitamment aux Tuileries, dans l’ancien palais royal. Il recourt aux ressources de l’ancien Garde-Meuble de la Couronne mais commande également quelques meubles novateurs comme des sièges issus des ateliers Jacob Frères, couverts d’une soierie du 18e siècle (ensemble Treilhard). De son côté, Joséphine s’approprie des objets de luxe de Marie-Antoinette.
À partir de 1802, Bonaparte fait remettre en état le château de Saint-Cloud où il passe les beaux jours. Des restitutions immersives en 3D, réalisées par Philippe Le Pareux (professeur d’histoire), complète la mise en scène de cette section comprenant la chambre à coucher et le salon de l’empereur, ainsi que les appartements de Joséphine.
Napoléon justifie l’instauration de l’Étiquette du Palais Impérial par un texte long de 159 pages (publié en 1806) par ces mots : « On ne peut concevoir un pouvoir quelconque sans apparat. Il me fallait créer un extérieur, me composer une certaine gravité, en un mot établir une étiquette, autrement on m’eût journellement frappé sur l’épaule. » L’attribution des officiers du palais, le déroulement des cérémonies, la distribution des appartements, le détail des ameublements des différentes pièces : tout est savamment orchestré et contrôlé.
Le parcours se poursuit avec l’âge d’or de l’Empire (1808-1814), le remariage de Napoléon avec Marie-Louise et la naissance du roi de Rome. Le château de Meudon lui est destiné comme maison de campagne.
Un ensemble est entièrement créé pour le grand cabinet de l’empereur aux Tuileries avec des tapisseries ornés des insignes impériaux (abeilles, aigle, monogramme N), et des bronzes dorés. Les salons réservés aux cérémonies, recouverts de riches tentures de Beauvais aux murs et de tapis de la Savonnerie au sol, ainsi que la chapelle personnelle de l’empereur aux Tuileries sont également représentés.
L’exposition se termine sur la chute de l’empereur et la reprise du pouvoir par Louis XVIII qui écrivait au comte d’Artois : « Mon frère, nous avons eu un bon concierge ! ». Dans les tentures, le roi traque les abeilles et les N pour les remplacer par des branches de laurier, des fleurs de lys et le monogramme L. Ironie de l’histoire, les fils de laine ne vieillissant pas de manière identique, on aperçoit toujours le N dans le médaillon central d’un tapis de la salle du Trône aux Tuileries !
Une exposition riche en oeuvres d’art, particulièrement bien mise en scène, qui vous transporte avec émotion dans la vie de cour luxueuse du 18e siècle.