13, rue de Thorigny 75003
Vernissage sur invitation samedi 06 février 2010 à partir de 19h
Du « 3e type »? Vous en connaissez beaucoup des hommes politiques qui ne pratiquent pas la langue de bois et en plus se reconvertissent dans le métier de galeriste?!! Rencontre du « 3e type », donc, avec Franck Picon, ex membre du conseil régional de l’Essonne et futur galeriste du Haut Marais.
Hormis le doublé costume/cravate – le look du quartier penche plutôt vers le combiné t-shirt collé serré/jean/veste -, rien ne trahit le passé politique de ce quarantenaire à la voix douce. Inutile de sortir l’enregistreur MP3, le son ne prendra pas!
Pourtant, la conversation s’amorce d’emblée sur des sujets d’actualité qui reflètent son passé de social-démocrate. Comme l’atteste ses propos profondément humains, Franck Picon s’intéresse surtout aux causes sociales. S’il est sorti de la politique, c’est justement par impuissance à pouvoir agir en faveur des plus démunis.
La culture est son second domaine de prédilection. Et là, il a su tirer son épingle du jeu. Alors qu’il s’occupait de créer, après la chute du Mur de Berlin, des jumelages entre sa localité Sainte-Geneviève-des-Bois et l’Europe de l’Est (notamment la République tchèque), il découvre le travail du verre. Cela deviendra une passion.
F. Picon la retrouve quelques années plus tard alors qu’il a l’occasion d’ouvrir sa propre galerie au 13, rue de Thorigny (Paris 3e), située peu après le musée Picasso, actuellement en rénovation. Sans surprise, le premier artiste qu’il accueille, Josef Marek, est un verrier tchèque.
« Mon ambition est de faire découvrir ce medium spectaculaire au public parisien, qui relègue cet art au simple rang d’artisanat ». Justement qu’est-ce qui différencie un objet artisanal d’une oeuvre d’art? Pour répondre, cet ancien de Sciences Po, formé en histoire des religions, reprend les mots de Pierre Soulages: « Une oeuvre d’art par rapport à une pièce ordinaire dispose d’une présence ».
Si le galeriste entend se faire le représentant de grosses pointures internationales dans le domaine du verre (cf. Gilles Chabrier programmé pour avril 2010), il souhaite également apporter son aide à de jeunes peintres français.
« Ma volonté est vraiment d’ouvrir cet espace, de ne pas m’adresser uniquement à un public ghettoisé d’art contemporain ». D’où l’idée, dans un second temps, d’organiser des événements culturels dans les 100m2 de la galerie. Pour attirer un public, certes susceptible d’acquérir les oeuvres en vente (autour de 2.500 à 5.000€ pour Josef Marek), mais surtout avide d’élargir ses connaissances, de découvrir ce qui se passe en dehors des sentiers officiels. Sans tomber dans l’extrémité de l’alternatif.
Car Franck Picon reste un homme aux goûts classiques, qui rigole doucement des velléités prétendument révolutionnaires de certains. « Pour sortir du système, encore faut-il en comprendre les rouages, ce qui impose d’entrer dans le moule. Prenez l’exemple de Picasso. S’il a su dépasser les codes picturaux, c’est qu’il a énormément travaillé pour pouvoir d’abord les assimiler ».
Ne vous fiez pas à sa frêle sculpture et ses yeux délavés, Franck Picon maîtrise son sujet et bien qu’il se laisse emporter par le flot de ses paroles, il finit comme par enchantement par renouer avec le fil de sa pensée. Le signe d’une grande pratique de la communication que son expérience politique lui a enseignée. Finalement, le passé laisse bien plus de traces que l’on ne peut consciemment l’imaginer!