L’Orient des peintres

Du rêve à la lumière

Jean-Auguste-Dominique Ingres, La Petite Baigneuse, dit aussi Intérieur de harem , 1828. Huile sur toile ©RMN-Grand Palais (muse du Louvre) / Michel Urtado

Jusqu’au 21 juillet 2019

Achetez le catalogue de l’exposition :

Musée Marmottan-Monet, 2, rue Louis-Boilly, Paris 16e

Le musée Marmottan-Monet présente une version fantasmée de l’Orient, tels que les peintres du XIXe siècle l’imaginaient. Des oeuvres aux femmes sensuelles et aux couleurs chatoyantes, loin de la réalité certes, mais tellement belles !


Paul Klee, Architecture intérieure (Innenarchitektur), 1914. Aquarelle, gouache et craie
© Kunst und Museumsverein im Von der Heydt-Museum – Wuppertal / Photo: Antje Zeis-Loi, Medienzentrum Wuppertal

Le parcours de l’exposition s’organise à partir de deux thématiques – la figure humaine et le paysage – introduites par deux oeuvres clés : La Petite Baigneuse d’Ingres (1828) et Innenarchitektur (Architecture intérieure, 1914) de Paul Klee.

L’exposition démontre comment ces deux genres picturaux évoluent au fil du temps. La lumière et les paysages d’Orient, d’abord imaginés par les peintres lors des conquêtes napoléoniennes, puis vérifiés par leurs propres voyages, vont transformer leur pratique qui va les mener, pour certains, aux portes de l’abstraction.

« L’Orient est avant tout une terre de couleurs », commente Emmanuelle Amiot-Saulnier (Docteur en Histoire de l’art), commissaire de l’exposition.


Théodore Chassériau, Danseuses marocaines. La Danse aux mouchoirs, 1849. Huile sur bois © RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Michel Urtado

La première section du parcours présente les « classiques » – Ingres, Delacroix et leurs suiveurs comme Charles Zacharie Landelle ou Théodore Chassériau, dont la pureté des traits rappelle Ingres mais la sensualité des couleurs évoque les oeuvres tardives de Delacroix.

Jean-Léon Gérôme sera l’un des premiers à s’intéresser au décor de l’art ottoman : arabesques et mosaïques ornent ses compositions.


Édouard Debat-Ponsan, Le Massage, Scène de hammam, 1883 – Huile sur toile.
Toulouse, musée des Augustins © Daniel Martin

Edouard Debat-Ponsan, dans Le Massage, Scène de hammam (1883) réalise une sorte d’Olympia inversée et orientalisée, avec le corps d’une femme blanche tournée vers sa masseuse noire. 

Armand Point tente une approche moins illusionniste d’un Orient idéalisé avec des prostituées joyeuses et des esclaves aux corps d’un blanc limpide comme si elles ne recevaient aucun coup de leurs maîtres…

Dans La Mosquée de Laghouat (vers 1939), Albert Marquet se démarque par ses couleurs fraîches, en camaïeux de blanc, rose et rose, qui évoquent l’aquarelle.

Lui font face des oeuvres aux couleurs inattendues de Pierre-Auguste Renoir et de Claude Monet qui évoquent les champs de bananiers et un paysage algérien.


Henri Matisse, Odalisque à la culotte rouge, vers 1924-1925. Huile sur toile
© RMN-Grand Palais (musée de l’Orangerie) / Michel Urtado / Benoit Touchard © Succession H. Matisse

Tandis que Henri Matisse renouvelle la figure humaine en la simplifiant et en accordant une place prépondérante au décor, inspiré des motifs orientaux, Paul Klee et Vassily Kandinsky (Oriental, 1909) franchissent le pas vers l’abstraction.

Le paysage et la figure humaine se dissolvent alors dans la couleur, l’Orient disparaît dans la peinture pure.

Une démonstration artistique menée d’une main de maître ; à ne pas rater !

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