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Olga de Amaral

Jusqu’au 16 mars 2025

Fondation Cartier pour l’art contemporain, 261 boulevard Raspail, Paris 14e

Pour cette dernière exposition dans les locaux actuels de la Fondation Cartier pour l’art contemporain, qui emménagera place du Palais Royal dans un bâtiment rénové par Jean Nouvel, Hervé Chandès (directeur) a choisi une artiste colombienne, Olga de Amaral, spécialiste de l’art du textile.


Olga de Amaral. Casa Amaral, Bogotá, Colombie, 2013 Photo © Diego Amaral

Il s’agit de la première grande rétrospective en Europe d’Olga de Amaral (née en 1932 à Bogotá) et du Fiber Art. Le parcours rassemble 90 oeuvres conçues depuis les années 1960, dont la plupart ne sont jamais sorties de Colombie, précise Marie Perennès, commissaire de l’exposition.

Vue de l’exposition © D.R.

Le rez-de-chaussée, qui dialogue avec le jardin extérieur de Lothar Baumgarten, crée une atmosphère minérale et forestière, entre les pierres d’ardoise et les grandes suspensions textiles en feuilles d’or ; les oeuvres convoquent le soleil à l’intérieur de la salle.

Le sous-sol diffuse une atmosphère plus mystique et renvoie à la lumière lunaire, avec le dévoilement des toiles tissées selon une déambulation en spirale.

Vue de l’exposition © D.R.

Olga de Amaral expérimente diverses matières textiles – lin, coton, crin de cheval, gesso (apprêt synthétique), feuille d’or, palladium – et techniques. Elle tisse, noue, tresse, entrelace les fils, pour créer des oeuvres monumentales tridimensionnelles.

« Son style emprunte autant aux principes modernistes (art constructiviste) qu’elle étudie à l’académie des arts de Cranbrook (Michigan, États-Unis), qu’aux traditions vernaculaires de son pays et à l’art précolombien », commente M. Perennès.

Vue de l’exposition © D.R.

Les paysages de sa terre natale, des hauts plateaux de la cordillère des Andes aux vastes plaines tropicales, l’inspirent autant que la couleur. « Je vis la couleur. Je sais que c’est un langage inconscient et je le comprends. La couleur est comme une amie, elle m’accompagne », affirme-t-elle.

Pour la série Étoiles (1996), l’artiste utilise de la poudre d’or. Elle découvre ce matériau à travers la technique japonaise du kintsugi, qui consiste à réparer un objet en soulignant ses failles avec de la poudre d’or. Elle l’utilise ici pour transformer le textile en une surface irisée qui diffracte et reflète la lumière.

Vue de l’exposition © D.R.

Pour la série Brume (2013), O. de Amaral peint directement des motifs géométrique sur les fils de coton, imitant une pluie fine de couleur. On se réjouit de la finesse des compositions, dont l’une pourrait ressembler à une mèche de cheveux noirs que l’on écarte délicatement comme on le ferait pour découvrir le visage d’un enfant (celle en noir et blanc sur la photo).

Grâce à une scénographie sensible imaginée par l’architecte franco-libanaise Lina Ghotme, l’exposition met avantageusement en valeur l’art du textile, longtemps jugé comme indigne des collections des musées, ayant plus à voir avec l’art décoratif que le grand Art. Une découverte sublime.

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