Un moment oublié de l’art moderne 1926-1972
Jusqu’au 18 juin 2023
Musée Marmottan Monet, 2, rue Louis-Boilly, Paris 16e
Le musée Marmottan Monet réunit pour la première fois depuis 1926 les peintres qui furent exposés à la Galerie Druet (Paris), baptisés « Néo-Romantiques » par le critique d’art Waldemar George. Des oeuvres détonnantes, à la croisée du surréalisme et d’une nouvelle forme de figuration.
Autour des Français Christian Bérard et Thérèse Debains (1902-1972), des Russes Pavel Tchelitchew (1898-1957), Eugène (1899-1972) et Léonide Berman (1898-1976), et du Hollandais Kristians Tonny (1907-1977), se forme un groupe cosmopolite qui a surtout émergé dans les pays anglo-saxons et en Italie.
Les Néo-Romantiques ou Néo-Humanistes n’ont pas été collectionnés en France – alors qu’ils vivent à Paris dans les années 1920 – car la scène était alors dominée par Picasso, « dont la longévité a écrasé les jeunes peintres », commente Érik Desmazières, directeur du musée Marmottan.
Le parcours présente tour à tour les oeuvres des uns et des autres avant de conclure sur leurs créations pour les arts du spectacle. Si les styles sont différents, on note une tendance à la fantasmagorie et à une figuration étrange avec des visages angoissants et des corps tronqués.
Les motifs les plus surprenants se trouvent dans les personnages métaphysiques de Christian Bérard ; les saltimbanques aux corps épais de Pavel Tchelitchew ; les figures féminines inquiétantes insérées dans des paysages désolés d’Eugène Berman ; la lagune de Venise dans une lumière nordique de son frère Léonide ; les tableaux de fleurs et les marines bretonnes de Thérèse Debains, aux couleurs pastels, presque impressionnistes ; les compositions extravagantes de Kristians Tonny.
Patrick Mauriès, commissaire de l’exposition, ponctue l’exposition par un film, retrouvé dans les archives du Wadsworth Atheneum (Hartford, Connecticut, USA), sur les préparations d’un Bal de Papier (1936), organisé par Arthur-Everett « Chick » Austin, défendeur assidu des Néo-romantiques. Y participèrent P. Tchelitchew, E. Berman et Alexandre Calder, qui imagina une ménagerie de carton dont les costumes d’animaux sauvages (éléphants, lions, chevaux) contrastaient avec les costumes en dentelles des personnages. Ce film « illustre le goût du théâtre, du jeu sur les apparences et la conscience aiguë de l’éphémère caractéristiques de l’esprit du néo-romantisme », conclut-il.
Un parcours bien pensé, avec des oeuvres surprenantes ; une géniale (re)découverte !