Napoléon, symbole des pouvoirs sous l’Empire
Jusqu’au 5 octobre 2008
[fnac:http://plateforme.fnacspectacles.com/place-spectacle/manifestation/Exposition-NAPOLEON–NAPO.htm]
Musée des arts décoratifs, 107, rue de Rivoli 75001, 01 44 55 57 50, 8€
Chef emblématique des armées, Napoléon n’a pas résisté à user de l’art décoratif pour en faire la vitrine de son pouvoir. Mais l’imagerie napoléonienne ne se limite pas à ce seul aspect politique. Comme s’applique à le démontrer la riche exposition – plus de 250 objets présentés -, « Napoléon, symboles des pouvoirs sous l’Empire », au musée des arts décoratifs.
LES EMBLEMES IMPERIAUX
Après les bouleversements de la Révolution, l’équipe politique en place ne tente pas le diable en affichant des signes ostentatoires de pouvoir! Le fonctionnalisme, la sobriété des formes, seuls, sont mis en avant.
Ce qui convient parfaitement aux goûts alors simples de Napoléon Bonaparte (1769-1821), Général, Premier Consul, puis Empereur des Français.
Avec la proclamation de l’Empire (1804-1814), Napoléon choisit des emblèmes impériaux pour se distinguer de la monarchie. Ainsi, l’aigle (en souvenir du mythe de Rome, ville fondatrice de la civilisation) et l’abeille (dans la lignée des Mérovingiens) vont lui permettre de se distinguer de la fleur de lys royale. Des animaux sacrés qui incarnent le chef politique, qui se voit en sauveur héroïque de la nation française, héritier des Empereurs de l’Antiquité.
La mission de s’approprier les vertus de l’Antiquité tout en les réactualisant à la sauce post-révolutionnaire a été confiée à deux architectes: Charles Percier (1764-1838) et Pierre-François-Léonard Fontaine (1762-1853). « Ils ont séjourné à Rome de 1785 à 1790, où ils se sont imprégnés de l’antique et y ont suivi l’enseignement novateur et rigoureux de David », précise la commissaire de l’exposition, Odile Nouvel-Kammerer (conservatrice en chef, département XIXe siècle, musée des Arts décoratifs).
UN POUVOIR VICTORIEUX
La feuille de laurier, la palme, le bouclier, le casque, le trophée militaire représentent autant d’images anciennes synonymes de victoire. Elles sont apposées sur les meubles et objets afin d’être facilement repérables par tout observateur. La répétition de ces motifs sur l’ameublement introduit, de manière sans précédent, l’image du politique (spère publique) au sein des foyers (sphère privée).
LA SEDUCTION
Le régime militaire mis en place par Napoléon Bonaparte développe un pendant inattendu: l’amour et la séduction.
L’image de la femme devient allégorie da la victoire, des saisons ou de la beauté. Sur les ornements, la force du vent semble soulever la chevelure féminine et son drapé, moulant ses formes et dévoilant un sein.
Le jeune homme, autre figure de séduction, est éphèbe, nu, et évoque un héros désarmé de l’Antiquité.
Pour permettre cette mise en exergue de la nudité est inventée la pysché – un grand miroir à bascule qui orne les chambres les plus luxueuses. Le corps renvoyé par le miroir doit être fidèle au motif des ornements incrustés dans les objets domestiques. Née sous l’Empire, l’image du corps mince, dont notre société en a fait son paroxysme, n’a plus rien de commun avec les formes féminines voluptueuses de la fin du XVIIIe siècle.
Le symbole amoureux s’exprime à travers le cygne, qui renvoie au dieu grec Apollon. La courbure de son col incarne la sensualité, comme l’a fait au XVIIIe siècle le dauphin ou l’enroulement du serpent.
Mais gare à la valse des émotions! Le papillon symbolise la fragilité du sentiment amoureux.
Le motif de la fleur, s’il est varié et coloré, n’en est pas moins reproduit de manière rigoureusement symétrique. Point de nature sauvage ici! L’abondance renvoie aux thèmes dionysiaques.
Les manufactures françaises ont bénéficié des nombreuses commandes passées par le régime impérial qui souhaitait consacrer un art officiel. Les négocations diplomatiques ont servi de prétextes à la fabrication d’objets ornementés dont la sobriété des formes est compensée par le luxe des matières (bronze, porcelaine, soie) et la richesse des motifs. Ce faisant, le style empire s’est propagé hors des frontières nationales tout en intégrant la sphère privée de l’habitat.
« L’Empire voulut briller dans les mémoires d’un feu qui dépassât l’éclat solaire de la monarchie et les lumières de la Raison », avance Marie-José Mondzan, dans le catalogue de l’exposition. Mais tel l’ambitieux Itharque – autre personnage mythologique de l’Antiquité -, Napoléon a fini par se brûler les ailes…