Le musée de Montmartre: un incontournable à découvrir!
Sophie
Avec en prime une exposition temporaire: Charles Léandre intime et multiple
Jusqu’au 20 janvier 2008
Musée de Montmartre, 12, rue Cortot 75018, 01 49 25 89 39, 7€ (avec audioguide)
Bien qu’il soit tard pour évoquer l’exposition Charles Léandre au musée de Montmartre, cet article vise à attirer l’attention sur cette merveille de musée. Caché derrière le Sacré-Choeur et la place du Tertre où les touristes s’arrêtent habituellement, le musée surplombe avec charme des vignes et offre en son intérieur une reconstitution de l’âge d’or de Montmartre à en faire se pâmer le XIXe siècle!
Le musée de Montmartre a pour but de sauvegarder les témoignages artistiques et historiques du Vieux Montmartre. Il est abrité dans l’ancienne demeure du comédien Roze de Rosimond, acteur de la troupe de Molière. Au XIXe siècle, ce cadre exceptionnel accueille des artistes, dont les plus célèbres seront Auguste Renoir qui y réalise Le Bal du Moulin de la Galette (aujourd’hui au musée d’Orsay), La Balançoire et Danse à la Ville. Citons également Raoul Dufy, Emile Bernard à son retour de Pont-Aven et qui avait pour voisin Erik Satie, et plus tard Francisque Poulbot. L’acrobate de cirque Suzanne Valadon, seule amante de Satie et modèle de Renoir pour Danse à la Ville, s’installe dans l’ancien atelier sur cour, avec son nouveau compagnon, le peintre André Utter, son cadet de 20 ans, et son fils Maurice, né d’un premier mariage et qui deviendra célèbre sous le patronyme de son père Utrillo. Les relations tumultueuses de Suzanne incarnent par excellence la Bohême montmartroise.
Au premier étage, les peintures de Toulouse-Lautrec des célèbres cabarets de l’époque, tels le Chat Noir de Rodolphe Salis, le Divan Japonais, ou le Moulin Rouge, côtoient une reconstitution du bistrot de l’Abreuvoir, avec son comptoir d’époque.
L’exposition temporaire est quant à elle située au dernier étage. Elle rend hommage à Charles Léandre (1862-1934), surtout connu pour ses caricatures publiées entre 1894 et 1932 en couverture du journal Le Rire, créé par Félix Juven. Léandre sait particulièrement mettre en valeur « des particularités ridicules d’une figure ou d’un individu » (Théophile Gautier). Clémenceau, Doumer, Joffre, Picquart, la reine Victoria (au risque de créer un incident diplomatique) en prennent tous pour leur grade. Autant que l’Eglise, l’Etat (« un culte en chasse un autre » légende Charles Léandre au sujet de leu séparation en 1905). Verve imagée encore contre « les héritiers pendant la lecture du testament » (1902), les autres artistes (cf. la sculpture de Rodin), et bien sûr, lui-même (cf. Autoportrait charge).
Mais Léandre excelle également dans l’art de la lithographie et des aquarelles. Il illustre les livres de l’époque tels Les dix contes du pays de Caux de Maupassant, Le gendarme est sans pitié de Courteline ou Les trois mousquetaires de Dumas père.
Sans oublier les portraits et les paysages, notamment ceux de sa Normandie natale, en particulier Champsecret (Orne) où Charles Léandre est né. L’artiste parvient à retracer tant l’inquiétude et l’angoisse des personnages que le respect et la spiritualité d’une atmosphère (cf. Le Chant de la mariée, 1910; Les Amoureux). Il rend avec sensibilité les traits des visages ridés (cf. Les Longs Jours ou La Garde Malade, 1896) aussi bien que la grâce des jeunes filles (cf. Lucette Forget). Et, illumine de couleurs impressionnistes les fleurs de jardins (cf. Vue du château d’Amecourt). Cette pointe de couleur vive sera son seul ancrage impressionniste. L’artiste use plus largement de pastels doux pour évoquer le romantisme mêlé de mélancolie d’une scène et affirmer ainsi son style.