Jusqu’au 26 janvier 2020
Musée Marmottan Monet, 2 rue Louis-Boilly, Paris 16e
Le musée Marmottan présente la collection du néerlandais Salomon Bernard Slijper (1884-1971), qui permet d’appréhender l’oeuvre figurative de Piet Mondrian (1872-1944). Tout en abordant ses recherches artistiques qui vont le mener à l’abstraction. Edifiant !
Fils de diamantaire, Salomon B. Slijper représente aujourd’hui le plus important collectionneur de Piet Mondrian, dont il détient 180 peintures et dessins réalisés entre 1891 et 1920. Resté sans enfants, Slijper a déposé sa collection au sein du Kunstmuseum de La Haye qu’il a créé.
Slijper découvre l’art de Mondrian dans une maison de campagne à Laren, où la logeuse, ancienne comédienne et chanteuse qui a fréquenté les artistes d’Amstardam, a accroché Composition n°IV (1914) dans la salle à manger.
Le parcours de l’exposition étudie l’itinéraire figuratif de l’oeuvre de Mondrian, à travers le motif récurrent du moulin, ainsi que l’avancée de sa quête vers l’abstraction.
« Il ne s’agit pas d’opposé art figuratif et art abstrait », annonce en préambule Marianne Mathieu (historienne de l’art, directeur scientifique du musée Marmottan Monet), commissaire de l’exposition. « Mondrian peut peindre dans la même année des oeuvres figuratives et abstraites ».
De fait, dans les paysages de Mondrian, on perçoit systématiquement une composition qui trace des lignes verticales et horizontales, particulièrement remarquables dans Moulin dans le crépuscule (vers 1907/08).
« Ce qui va motiver Mondrian, c’est de peindre l’essence des choses, leur réalité intérieure. Or, à trop vouloir représenter, on ne voit plus rien. Tel Monet qui va réduire l’essence de la lumière à un nymphéa, Mondrian va se détacher de la représentation du visible, simplifier au maximum les formes et exalter la couleur », décrypte la commissaire de l’exposition.
Ce luminisme est à rapprocher de l’influence théologique que son père, pasteur, a eu sur son éducation. A partir de 1908, il interprète le symbolisme, le divisionnisme et le fauvisme – écoles peu connues en Hollande – et élève la lumière au rang de sujet (Dévotion, 1908 ; Moulin dans la clarté du soleil, 1908).
Deux ans plus tard, il découvre par la littérature les théories cubistes. Il les trouve formidables et commence à éclater les formes (Clocher en Zélande, 1911). En 1911, il fait un premier séjour à Paris, se confronte à Braque, Picasso. Il change sa palette pour peindre dans des camaïeux de blanc, gris, noir (Portrait d’une dame, 1912).
Mondrian s’éloigne des cubistes lorsqu’ils veulent réintroduire du figuratif dans leurs oeuvres (cubisme synthétique). Il se représente en buste, comme Poussin, affirmant son appartenance à l’histoire de l’art, mais incorpore un arrière-plan en damier (Autoportrait, 1918).
Un an plus tard, il réalise deux compositions en damier, dont est la version aux couleurs foncées est exposée (Composition avec grille 8, 1919). Puis, Mondrian peint Composition avec large plan rouge, jaune, noir, gris et bleu (1921), qui clôt le parcours. Aux côtés de représentations de fleurs, car chaque matin, l’artiste avait pour rituel de peindre une rose.
Une exposition qui montre des oeuvres méconnues, présentées pour la première fois en France. Une mise en scène de la problématique choisie par la commissaire fabuleuse !