D’un podium à l’autre
Jusqu’au 7 avril 2024
#modeetsport
Musée des arts décoratifs, 107 rue de Rivoli, Paris 1er
À l’approche des Jeux Olympiques 2024, le musée des Arts décoratifs explore les liens entre mode et sport, de l’Antiquité à nos jours.
Le parcours met en valeur l’évolution du vêtement sportif et son influence sur la mode contemporaine. Jean Patou, Jeanne Lanvin, Gabrielle Chanel, Elsa Schiaparelli, sont parmi les premiers à intégrer le sport dans les collections de haute couture. Aujourd’hui, le sportswear s’est banalisé et fait partie de notre quotidien.
Fil rouge de l’exposition, la question du confort explique pourquoi le jogging et les sneakers sont devenus des incontournables de la mode prêt-à-porter autant que dans la haute couture.
L’exposition s’ouvre sur l’Antiquité et les fameux J.O athéniens avec des amphores représentant la nudité des combattants. L’ère médiévale est évoquée à travers les tournois et le jeu de paume, pour lequel l’élégance prime sur la performance. La couleur blanche, encore aujourd’hui associée au tennis, date de cette époque.
La chasse, l’artillerie, l’escrime – pratiques aristocratiques – donnent lieu à quelques avancées : la culotte pour les cavalières, les poches dans les robes pour mettre les balles de la paume.
Au XIXe siècle, le courant hygiéniste préconise l’activité pour être en bonne santé. La gymnastique et les sports collectifs comme le football et le rugby font évoluer les matières (coton, jersey) pour tenir compte de l’endurance physique. Apparaissent les maillots pour hommes, les culottes bouffantes ou bloomers pour femmes (pour faire du vélo). Les photographies de J.H. Lartigue montrent tout de même que l’élégance reste primordiale pour les sports prisés par la haute société (tennis, golf, croquet).
La nage a permis l’acceptation sociale du maillot de bain moulant et l’apparition des maillots unisexe dans les années 1930. Les bikinis naissent dans les années 1940. La combinaison Speedo a, quant à elle, était considérée comme un « dopage technologique » en 2008.
Le premier polo Lacoste est conçu spécialement pour le sport (1933). Les sports d’hiver (alpinisme, patinage, ski) contribuent à d’importantes innovations technologiques. On remarque notamment dans cette section l’ensemble assorti pull-chaussettes-gants d’Hermès. Dans un style très différent, citons la combinaison de moniteur de ski du Club Med des années 1980. Surf et skate-board, qui évoluent à l’encontre de la culture ambiante, prisent l’oversize, qui est repris dans l’univers du luxe.
Certains couturiers ont commencé leur carrière sur les terrains de sport comme René Lacoste ou Emilio Pucci, membre de l’équipe olympique italienne de 1936. Ottavio Missoni a été champion du monde du 400 mètres. D’autres ont signé les uniformes des sportifs des Jeux Olympiques tels André Courrèges et Issey Miyake, Pierre Balmain et Jeanne Lanvin.
Dans les années 1980 et 1990, le sportswear connaît un véritable essor. Musculation et aérobic sont prisés des amateurs de salles de sport. Véronique et Davina font un carton sur France 2. Les joggings intègrent les tenues citadines dans le mouvement hip hop. Les baskets se muent en sneakers. La logomania s’incarne dans un polo Lacoste, imaginé par les frères Campana, entièrement composé de crocodiles cousus les uns sur les autres.
Dans la nef, les mannequins portent les créations des maisons de couture qui ont puisé leur inspiration dans l’univers sportif : tenue en forme de ballon (Comme des Garçons, Paco Rabane), blouson de base-ball (Off-White). Serena Williams et André Agassi apportent la mode sur les terrains de sport. Depuis, les marques sportives s’acoquinent avec la mode : Adidas et Yohji Yamamoto, Lacoste et Freaky Debbie, Balmain et Puma.
Comme disait R. Lacoste : « Jouer et gagner ne suffit pas, encore faut-il maîtriser son style » !